Il y a des artistes qui fascinent tellement leur auditoire que la moindre production émanant de leur créativité s’avère alors digne d’intérêt dans l’esprit de l’admirateur. C’est le cas du charismatique Thomas Forsberg alias
Quorthon (R.I.P. 1966-2004), instigateur suédois du black et viking metal dont l’intégrité et la vie emplie de mystères n’ont d’égal que son immense talent.
Ainsi, ce géniteur de chefs d’œuvre sonores tels « Under the
Sign of the Black Mark » ou encore «
Hammerheart » sous le nom de guerre de
Bathory sort en
1994 un obscure premier
Album solo sobrement intitulé «
Album » sous le pseudonyme de
Quorthon. Au vu de son titre et de sa pochette peu inspirés, cette
Album edité sur le légendaire label Black Mark Productions intimement lié à l’artiste suscite nombre d’interrogations, notamment au niveau de la pertinence d’une telle démarche pour quelqu’un du rang du regretté
Quorthon. A l’écoute du premier morceau «
No More and
Never Again », on reconnait bien l’identité vocale de
Quorthon qui s’exprime sur ce titre d’une voix plutôt claire comme sur les
Albums viking metal de
Bathory, à l’instar du classieux «
Twilight of the Gods ». Musicalement, relevons un heavy/thrash des plus basiques doué d’une production plutôt brute, en cela assez proche de celle des 3 premiers
Albums de
Bathory. A peine le 2ème morceau de la galette entamé, on tend à comprendre la démarche et surtout l’inspiration de Thomas Forsberg sur ce disque. Le grunge de Seattle transpire en effet à grosses gouttes sur ce « Oh No No » qui voit
Quorthon chanter mélancoliquement tel un Layne Staley sur une ligne de guitare saturée. La prestation vocale du Suédois sur ce titre s’apparente effectivement à celle du défunt chanteur d’
Alice In Chains (R.I.P. 1967-2002) et la chronologie des évenements rend la supposition plus que plausible. Ainsi, le voile semble être levé sur les intentions ayant animées
Quorthon avec ce premier opus solo.
L’
Album s’avère être en effet un condensé de titres heavy/thrash dans les structures, mais foncièrement grunge dans le son et le phrasé de l’artiste. L’atmosphère général de l’
Album semble osciller entre mélancolisme et rage : alors que des morceaux tels le magnifique « Boy », « Crack in my Mirror » ou encore «
Head Over Heels » penchent vers un mélancolisme et une tristesse qui pourraient traduire les tourments d’une âme déçue de constater le devenir de la scène black metal dont on la targue d’être la génitrice, d’autres morceaux plus enjoués devinent un homme déterminé et acteur de son présent à l’image du génial et inspiré « Too Little Much Too Late », de «
Rain » ou encore de « Feather ». Même si la démarche s’avérait inquiétante avant l’écoute de la galette pour les raisons évoquées plus haut, le naturel et la spontanéité artistique de
Quorthon ressortent heureusement assez rapidement de cet «
Album », pour finalement éviter le naufrage du drakkar. Même si le prophète odiniste nous a habitué à bien mieux qualitativement parlant depuis l’éponyme et visionnaire «
Bathory », ce premier opus solo de
Quorthon s’avère être tout de même un chapitre intéressant et non moins surprenant de sa riche et passionnante discographie.
Cette production inattendue constitue donc une démarche honnête et sincère permettant de découvrir une facette méconnue du talent et de la vision musicale du godfather du black et viking metal
Quorthon. Un «
Album » qui ne restera pas dans les annales en soi, mais qui s’avère être néanmoins digne d’intérêt pour son auteur et le rôle prépondérant qu’on lui connait dans l’histoire du metal extrême. Indispensable pour tous les fans de
Bathory cependant, dans le but de mieux cerner son porte parole.
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