La Grande Muraille de Chine, dans sa portion la plus célèbre édifiée sous les empereurs Ming, a perdu près de 30% de sa longueur, ses briques étant pillées pour bâtir des maisons, selon une étude officielle citée lundi par la presse. Une information pour le moins insolite. En tout, c’est 1962 mètres qui ont ainsi disparu et près de 1.200 kilomètres sont en mauvais état, estime l’Administration d’Etat chargée du patrimoine, qui a cantonné son étude sur un segment long de quelque 9.000 kilomètres.

L’afflux des foules de touristes contribue également à la dégradation du monument, a ajouté cette agence gouvernementale. «Les résidents vivant à proximité de la Grande Muraille avaient l’habitude de se servir en briques pour bâtir leurs maisons et des sections ont été détruites en raison de l’expansion urbaine et de la construction des routes», a détaillé Cheng Dalin, un expert de la Commission d’étude de la Grande Muraille, cité par le journal Global Times.

Des dalles vendues pour une poignée d’euros

Pourtant, les sanctions pour les chinois qui volent les briques sont significatives: une amende qui peut s’élever jusqu’à 5000 yuans, soit un peu moins de 1000 euros. «Mais il n’y a pas d’organisation spécifiques pour faire appliquer ces règles», explique au Global Times Jia Hailin, chargé de la protection du patrimoins chinois. Résultat: certains villageois de la province du Hebei n’hésitent pas à vendre des dalles de la muraille à l’unité! Mise à prix: 30 yuans (4,3 euros) la dalle. Un prix imbattable.

La Grande Muraille n’est pas continue, mais est constituée d’un agrégat de portions construites sous différentes périodes, dès le IIIe siècle avant notre ère. Si l’on compte les parties disparues et celles formées par des reliefs naturels, on estime sa longueur totale à environ 21.000 kilomètres. Le plus célèbre des monuments de Chine a subi bien des outrages, éventré par des routes, des usines ou des voies ferrées. On lui a volé ses pierres et sa terre, notamment lors de la Révolution culturelle maoïste (1966-1976). Contrairement à une idée reçue, la Grande Muraille de Chine n’est pas visible à l’oeil nu depuis la Lune.