Les 36 personnalités les plus influentes du cinéma et des plateformes en France

Ils sont réalisateurs, producteurs, acteurs ou dirigeants de studios. Tous ont contribué à leur manière, cette année tout particulièrement, à mettre en valeur la fiction, la création et le vivier de talents de l’Hexagone. Vanity Fair rend hommage à ceux qui font le petit et le grand écran.
Omar Sy Justine Triet Audrey Diwan et Dimitri Rassam
Omar Sy, Justine Triet, Audrey Diwan et Dimitri RassamIllustration Lucie Dubreuil

Pouvait-on espérer une année plus prolifique pour le cinéma français ? Avec plus de 180 millions d'entrées en salles, le septième art continue d’attirer et d’enthousiasmer. On doit ce succès à la qualité et à la diversité des films proposés cette année, mais aussi au travail des passionnés œuvrant en coulisses à leur création, leur diffusion et leur exposition maximale.

Aussi notre palmarès met-il à l’honneur des cadres décisionnaires de l’industrie et salue l’éternel rayonnement du Festival de Cannes. Mais il met aussi en lumière ceux dont la vision, le savoir-faire et l’engagement font bouger les lignes. Il fallait également témoigner d’un monde qui change, où le cinéma et la mode sont plus que jamais en synergie, où les nouveaux récits naissent aussi sur des plateformes de streaming. Avec toujours ce même désir : raconter notre époque et captiver un public toujours plus volatile.

Dossier coordonné par Norine Raja.


Justine Triet, réalisatrice
Au milieu des nouveaux crus de Martin Scorsese, Wes Anderson et Todd Haynes, son long-métrage a jailli, en plein Festival de Cannes, comme un petit miracle de cinéma. Le succès d’Anatomie d’une chute, vainqueur en mai dernier de la Palme d’or, n’aura pas surpris ceux qui, depuis le début des années 2010, admirent les œuvres exigeantes et féministes de la cinéaste : La Bataille de Solférino, Victoria ou Sibyl. Il aura pourtant fallu ce sacre sur la Croisette pour que la Triet-mania s’exporte outre-Atlantique. De Barack Obama à Meryl Streep, tout le gratin hollywoodien chante les louanges du film, s’enthousiasme pour le talent de Sandra Hüller ou du border collie Messi. Justine Triet accumule désormais les récompenses dans sa salle de bains : BAFTA, Golden Globes, European Film Awards, six Césars, le Prix du syndicat de la critique, etc. Et le 10 mars, la consécration : elle reçoit, au côté de son compagnon Arthur Harari, l’Oscar du meilleur scénario original.

Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière
Il est sans doute l’un des hommes les plus puissants du cinéma. À 63 ans, Thierry Frémaux bat des records de longévité aux manettes du Festival de Cannes, dont il est aujourd’hui le délégué général, en complément de son poste de directeur de l’Institut Lumière. Pour mesurer son niveau d’influence, il suffit d’observer le chemin parcouru par les films projetés sur la Croisette, lors de la dernière Quinzaine : le carton mondial d’Anatomie d’une chute, les cinq César du Règne animal ou les trois BAFTAs de La Zone d’intérêt. Il a été l’un des premiers à découvrir Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese, lors d’une projection intimiste à New York, avant de célébrer l’anniversaire de Steven Spielberg avec Robert De Niro et Leonardo DiCaprio. L’édition 2024 du Festival de Cannes s’annonce déjà comme un événement : Greta Gerwig, forte du carton de Barbie, prendra la tête du jury. Une volonté d’embrasser les nouvelles générations.

Omar Sy, acteur
Quand il s’agit de citer un Français qui perce à Hollywood, son nom est sur toutes les lèvres. Il donne la réplique à Harrison Ford, travaille avec Jay-Z et apparaît dans les blockbusters emblématiques du genre (X-Men, Jurassic World). Tout a basculé en 2011 avec Intouchables, dans lequel il joue un auxiliaire de vie chamboulant le quotidien d’un homme tétraplégique. Un César du meilleur acteur plus tard, il se lance dans la production avec Yao et Tirailleurs, deux hommages au Sénégal de ses racines. Et puis, il y a Lupin. L’une des séries non anglophones les plus visionnées sur Netflix. Omar Sy dépoussière le détective de Maurice Blanc avec malice. Dans la vraie vie, il ne passe pas incognito. Sur les tapis rouges de Hollywood ou au premier rang du défilé Louis Vuitton par Pharrell Williams, il est accueilli en star absolue.

Anna Marsh, directrice générale de StudioCanal
Cette Néo-Zélandaise cultive depuis toujours une curiosité pour la culture française, découverte au fil de ses pérégrinations cinématographiques et des visionnages de films de La Nouvelle Vague. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle y ait construit une carrière florissante. Après un passage chez Télé Images Productions et TF1 International, elle intègre StudioCanal en 2008 et, en quasiment deux décennies, gravit tous les échelons. Les résultats sont là : l’entreprise a distribué 100 films en 2023 et a réalisé sa meilleure année depuis 2018, grâce à Alibi.com 2 (4,3 millions d’entrées), 3 jours Max (1,9 million d’entrées) ou Je verrai toujours vos visages (1,2 million d’entrées). Elle est tout aussi optimiste pour l’année à venir : « Il y aura Back to Black, le premier biopic sur Amy Winehouse, L'Amour ouf de Gilles Lellouche, dont le premier projet est le plus gros succès français de StudioCanal ; et bien sûr la sortie en 2025 de Paddington au Pérou, notre production la plus importante. » Un beau programme en perspective.

Adèle Exarchopoulos, actrice 
En 2023, elle était à l’affiche de huit projets. Dix ans après La Vie d’Adèle, la comédienne, récemment nommée ambassadrice de la marque Yves Saint Laurent Beauté, s’illustre par des choix audacieux et imprévisibles. Elle est capable de passer d’un film d’auteur comme Rien à foutre d’Emmanuel Marre à une production Netflix (Voleuses de Mélanie Laurent) ou à un film d’action à la Bac Nord de Cédric Jimenez. À Hollywood, le Los Angeles Times a loué sa performance « à la fois libre et contrôlée » dans Passages d’Ira Sachs et les producteurs se l’arrachent même pour du doublage. Cette année, on a pu entendre sa voix dans Élémentaire, le dernier Disney-Pixar. Malgré cette aura indéniable au cinéma comme dans la mode, la comédienne garde la tête sur les épaules. À Vanity Fair, elle confiait un engagement profond dans le travail et racontait qu’il lui arrivait encore de passer des castings. On ne trouvera pas plus bosseuse qu’elle.

Elsa Heizmann, directrice des relations avec le cinéma chez Chanel
Pour permettre à Marion Cotillard de jouer « l’un des plus grands rôles de sa carrière » dans Little Girl Blue, elle a rendu possible le soutien de Chanel au film de Mona Achache. Elsa Heizmann, ancienne directrice des relations célébrités chez Chanel, gère depuis trois ans le premier pôle dédié aux relations avec le septième art. Fidèle aux liens historiques tissés par Gabrielle Chanel avec les actrices et les cinéastes les plus renommés de son époque, et aujourd’hui plus que jamais sous l’impulsion de sa directrice artistique Virginie Viard, la maison a développé des liens privilégiés avec les plus grandes institutions du cinéma – la Cinémathèque française, le Festival du film américain de Deauville, Les Cahiers du Cinéma. Chanel a même soutenu, en juin 2023, la première édition du Festival international du film de Biarritz, consacré à la jeunesse au cinéma. Difficile de manquer l’empreinte de Chanel à l’écran, des silhouettes imaginées pour le film Barbie, mastodonte du box-office, à la robe de mariée de Priscilla Presley dans le biopic signé Sofia Coppola. Mais Chanel joue aussi un rôle de mécène en participant à la restauration de classiques (La Maman et la Putain de Jean Eustache) ou en investissant dans des longs-métrages originaux (Sils Maria d’Olivier Assayas). Face aux sollicitations grandissantes, le joyau du luxe français se veut toutefois sélectif : « Le premier objectif est de soutenir nos ambassadrices et des projets qui résonnent avec nos valeurs. »

Thomas Dubois, directeur des créations originales chez Amazon Studios
Il n’existait ni équipe française ni stratégie établie à son arrivée en 2019 chez Amazon Studios. Cet ancien de TF1 a, depuis, développé l’offre de créations originales de la plateforme, au point d’en faire un acteur de choix dans un paysage ultra-concurrentiel. L’idée ? Attirer les talents dans une relation de confiance, et non d’exclusivité. « Pour le film Medellin de Franck Gastambide, tout est parti d’un pitch d’une phrase et d’une tape dans la main. » Bien vu : le long-métrage est devenu le deuxième contenu non anglophone le plus regardé dans le monde. Suivront des fictions signées Mélanie Laurent, Cédric Klapisch ou l’émission de divertissement LOL : Qui rit sort ! L’année 2024 s’annonce encore plus ambitieuse avec onze lancements prévus et la coproduction Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, portée par Jonathan Cohen et Leïla Bekhti, qui marquera une première incursion dans les salles obscures.

Matthieu Derrien, agent image
Il évite les photos pour mieux apprécier sa position de conseiller de l’ombre. Le visage de Matthieu Derrien est inconnu du grand public et pourtant il gère, au sein de son agence, Contact, l’image des plus grandes stars du cinéma français : Tahar Rahim, Leïla Bekhti, Vincent Cassel, François Civil ou Adèle Exarchopoulos. Sa recette ? Cultiver une proximité avec les médias et les marques, tout en veillant aux intérêts de ses clients. Une pugnacité et un savoir-faire dignes des publicistes hollywoodiens. Résultat, ses talents s’affichent en couverture de tous les magazines et deviennent ambassadeurs pour des maisons de luxe : Louis Vuitton, Dior, Yves Saint Laurent. Raphaël Quenard et Alexis Manenti ont dernièrement fait appel à ses services.

Ladj Ly, réalisateur
Pour raconter au mieux son territoire, la Seine-Saint-Denis, Ladj Ly s’est lancé dans une trilogie de fictions. Après la déflagration Les Misérables, consacré aux violences policières dont il a été témoin en 2018, et Bâtiment 5, centré sur la crise du logement en 2005, son dernier film se déroulera dans les années 1990. L’ambition de ses débuts de documentariste reste : « On a tendance à parler de ces quartiers à la place de ceux qui y vivent. Je les connais par cœur, j’ai des choses à raconter. » Membre du jury du 75e Festival de Cannes, il scénarise et produit aussi d’autres récits percutants : Le Jeune Imam de Kim Chapiron ou Athena de Romain Gavras. Des amis d’enfance. Ils forment une partie du collectif Kourtrajmé, qui donne son nom à l’école de cinéma gratuite ouverte à Montfermeil en 2018. Depuis, trois autres établissements ont ouvert en Guadeloupe, à Marseille et Dakar. Bientôt, direction New York, pour continuer à « démocratiser le cinéma sur tous les continents et casser les codes ».

Dolorès Emile, directrice des séries documentaires et des programmes de flux de Netflix France
La télévision a toujours été un moyen d’évasion pour elle : « J’ai grandi entre Loft Story et Strip-tease. » Passée par le groupe NRJ et Vice Media, la directrice des séries documentaires et des programmes de flux, nommée en mars 2023, deux ans et demi après son arrivée chez Netflix France, est à la tête d’un pôle particulièrement créatif au sein de la plateforme de streaming. Grégory, L’Affaire Fourniret, L’Affaire Bettencourt, Tour de France… Ces rendez-vous ont redonné au public le goût du documentaire, qu’il s’agisse de plonger dans des faits divers emblématiques ou de découvrir les coulisses d’un sport. « On met en avant des visages, des genres et des personnalités qu’on n’aurait peut-être pas vu avant sur les écrans », précise-t-elle. Elle a ainsi lancé Nouvelle École, une compétition de rap, avec la star Aya Nakamura en membre du jury. Signe du succès de sa vision, cette prise de risque, dans l’ADN Netflix, a donné des idées aux concurrents.

Hugo Selignac, Alice Diop, Tahar Rahim et Iris Knobloch.

Illustration Lucie Dubreuil

Guillaume Canet, acteur et réalisateur
On lui doit le plus grand succès français de l’année 2023, avec plus de 4,5 millions d’entrées en salles. Les irréductibles détracteurs ont pourtant inondé les réseaux sociaux de critiques. Uderzo l’avait mis en garde : « Astérix rend les gens fous. » Au box-office, pourtant, seuls Barbie et Mario passent devant L’Empire du milieu de Guillaume Canet. « J’ai ressenti une certaine douleur, en plus de la frustration de refuser des rôles parce qu’Astérix accaparait tout mon temps. » Son « envie boulimique » de jouer reprend de plus belle : comédie, drame romantique, fantastique… Après trente ans de carrière, il se lance désormais dans les rôles à transformation physique. Il tourne un film d’action pour Netflix et sera bientôt à l’affiche du film historique Le Déluge de Gianluca Jodice, dans lequel il joue un Louis XVI vulnérable. En parallèle, il s’est remis à écrire, avec une envie de thriller.

Marie-Ange Luciani, productrice
Un chalet, une femme seule, un chien, un fils aveugle, de la neige, un piano… Quand Justine Triet lui a pitché Anatomie d’une chute, le projet était encore au stade de l’ébauche. Pourtant, la productrice, directrice de la société Les Films de Pierre, a tout de suite été conquise par l’ambition de la cinéaste, qui envisageait déjà ce long-métrage comme un tournant dans sa carrière. « Ses films étaient toujours entre la comédie et le drame, souligne Marie-Ange Luciani. Je l’ai encouragée à choisir, à assumer le ton du thriller. » Avec David Thion, son coproducteur, ils lui ont aussi offert du temps pour achever sa vision : neuf mois de casting, 47 jours de tournage, 42 semaines de montage. Depuis la victoire de la Palme d’or, le long-métrage a franchi le cap du million d’entrées en France et à l’étranger et a aussi fait voyager toute l’équipe, de Londres à Los Angeles. « Produire un film, c’est un mariage, estime-t-elle. On sait que ça va durer quatre ans, il faut beaucoup s’aimer. » La prochaine étape ? Ne pas se reposer sur ses lauriers, éviter le contrecoup « après le shot d’amour ». Cela tombe bien, elle a déjà d’autres projets à l’horizon, le tournage du prochain Laurent Cantet en août à La Ciotat, et l’adaptation d’Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier, par Léa Mysius, en octobre.

Hugo Sélignac, producteur
Est-ce parce que son père, Arnaud Sélignac, était réalisateur ? Le cinéma a toujours été une évidence pour ce producteur. Le trentenaire, à la tête de la société de production Chi-Fou-Mi, enchaîne depuis quelques années les cartons en salle : Le Grand Bain, Bac Nord, Le Chant du loup, Pupille, Yannick. Un même objectif, qu’il soutienne des films intimistes ou des superproductions : entretenir des collaborations privilégiées avec des artistes, devenus souvent des amis, qu'il accompagne aussi sur les tapis rouges. Il suit depuis ses débuts Jeanne Herry, dont le long-métrage Je verrai toujours vos visages compte a obtenu le César de la meilleure actrice dans un second rôle (Adèle Exarchopoulos) et le César des lycéens. Il produira aussi les nouvelles créations de Gilles Lellouche, L’Amour ouf, ou de Cédric Jimenez, Verde. Pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Thomas Triboit, représentant de CAA
Envoyé spécial, tête de pont, agent du renseignement, consultant… Voilà comment on pourrait résumer le rôle de Thomas Triboit, arrivé en septembre 2022 chez CAA (Creative Artists Agency), l’une des agences les plus puissantes de Hollywood. Mais sur les territoires français et européen, tout reste à faire. C’est là qu’intervient cet expert de l’industrie, ancien de Wild Bunch TV et la boîte de production De L’Autre Côté Du Périph, qui a participé au développement de Cheyenne & Lola, Les Sentinelles, Name of the Rose ou encore Devils pour le compte d’Orange Studio. « J’ai un rôle d’assembleur de projet et de conseiller stratégique pour les producteurs français et européens ayant le désir d’aller travailler à l’international », résume-t-il. Il garde le mystère sur ses projets à venir, mais on parie qu’ils vont résonner très fort ici, comme hors de nos frontières.

Ava Cahen, déléguée générale de la Semaine de la critique
Son âge est devenu une force. À 37 ans, Ava Cahen est la plus jeune déléguée générale de l’histoire de la Semaine de la critique. Depuis 2022, la chroniqueuse de l’émission « Le Cercle » tient les rênes de cette section parallèle, où ont autrefois éclos Gaspar Noé, Jacques Audiard ou encore Arnaud Desplechin. Au compteur chaque année : 1000 longs-métrages et 2000 courts-métrages visionnés par cette capitaine d’équipe et son comité pluridisciplinaire. Avec toujours cette même obsession, « garder l’œil ouvert et se préparer à être cueilli par l’émotion ». Cette hypersensible assumée cite les paroles sages de Lukas Dhont : « Parler de la tendresse et de la fragilité est un acte politique. » On lui doit la programmation de la pépite Aftersun, qui vaudra à Paul Mescal une nomination aux Oscars, et plus récemment du Ravissement d’Iris Kaltenbäck, sur le sujet tabou de la dépression post-partum. « Ou comment la forme se met au service du romanesque », souligne-t-elle, l’esprit déjà plongé dans sa future chasse au trésor.

Marion Cotillard, actrice
Une perruque brune, un collier de grosses perles noires, des lentilles marron pour camoufler ses yeux bleus. Il est rare d’assister à une transformation aussi puissante à l’écran. En mai 2023, sous le regard intransigeant du public cannois, Marion Cotillard livrait une performance éblouissante dans Little Girl Blue de Mona Achache. Preuve de sa capacité indéniable à jongler entre les genres, les personnages et même les langues. Ces dernières années, elle s’est illustrée dans une comédie musicale audacieuse (Annette de Leos Carax), une comédie populaire (Astérix et Obélix : L’Empire du milieu de Guillaume Canet) et un blockbuster de science-fiction (Inception). Bientôt, l’actrice oscarisée prêtera ses traits à la rédactrice mode de Vogue, Solange d’Ayen, dans LEE, le biopic consacré à la photographe et correspondante de guerre Lee Miller. Une autre histoire de femmes comme elle sait si bien les défendre.

Iris Knobloch, présidente du Festival de Cannes
En mars 2022, cette juriste allemande est devenue la première femme à prendre la tête du plus grand festival de cinéma du monde, succédant au bien-aimé Pierre Lescure. Une nouvelle fonction sur un CV déjà prestigieux : présidente du conseil d’administration de la plateforme musicale Deezer, vice-présidente du conseil d’administration du groupe Accor ou encore gouverneur de l’Hôpital américain de Paris. Son savoir-faire est indéniable : pendant vingt-cinq ans, elle a monté les marches de Cannes en tant que dirigeante de Warner (France, puis Europe), aux côtés de Clint Eastwood, Christopher Nolan ou Baz Luhrmann. Son objectif : continuer d’asseoir la renommée internationale du festival et son rôle de défricheuse de talents.

Cécile Felsenberg, cofondatrice de l’agence UBBA
Au lancement de son agence, en 2007, les banques rechignaient à lui accorder un prêt. Aujourd’hui, la cofondatrice de UBBA et son associée Céline Kamina comptent en leurs rangs neuf agents et les noms les plus prestigieux du cinéma français. Aucun film ne se fait sans cette figure de l’ombre et son écurie de 800 talents : Mélanie Laurent, Guillaume Gallienne, Benjamin Biolay, Diane Kruger, Marina Foïs, Laurent Lafitte, etc. Elle a théorisé son métier, loin des clichés propagés par la fiction : « Notre rôle est de répondre à leurs attentes et à leurs envies ; de les accompagner au quotidien ; de cultiver une vision avec eux. » Ce qui signifie, à une époque où la vague #MeToo s’abat sur le septième art, « de jouer aussi les paravents [contre les comportements abusifs] et de défendre au mieux les voix qui s’élèvent ».

Laurence Herszberg, directrice du festival Séries Mania
En un coup de fil, elle a convaincu Brian Cox, patriarche grincheux de Succession, de figurer dans son teaser promotionnel parodiant Emily in Paris. Cette ancienne responsable du Forum des images est à la tête, depuis 2018, du plus grand festival européen dédié aux séries. Un rendez-vous convivial et gratuit, en plein cœur de Lille, où l’on peut autant croiser Audrey Fleurot, Uma Thurman que la star japonaise Tomohisa Yamashita. Pour cette passionnée, la fiction est une autre fenêtre sur le monde : « La culture est un bien collectif. C’est un moyen d’éduquer, de faire plaisir, de promouvoir des valeurs de tolérance. » En deux décennies, Séries Mania s’est d’ailleurs imposé comme un label de qualité : « Quand les producteurs et les diffuseurs gagnent un prix, cela les distingue dans la profusion actuelle de propositions. » Et le cru 2024 ne dérogera pas à la règle avec 52 séries inédites, 26 avant-premières mondiales, et la présentation événement du Problème à trois corps signé des créateurs de Game of Thrones.

Alice Diop, réalisatrice
Elle s’est lancée dans le cinéma « avec une nécessité viscérale de fabriquer d’autres récits ». Mission accomplie. En 2023, la réalisatrice remportait le César du meilleur premier film pour Saint Omer, sa première œuvre de fiction, après avoir raflé deux prix à la Mostra de Venise. L’aboutissement d’un travail méticuleux et nécessaire. Depuis vingt ans, cette diplômée en sociologie visuelle explore les territoires en périphérie et met en lumière les oubliées de la société dans ses documentaires. Comme dans Nous, radiographie des voyageurs du RER B, qui avait été récompensé à la Berlinale en 2021. Son prochain film sera très différent de Saint Omer et abordera la question nécessaire de l’héritage colonialiste de la société française. Mais elle en reste persuadée : « Le langage cinématographique est un outil de transformation profond. »

Claire Mathon, directrice de la photographie
Depuis son mémoire à l’école Louis-Lumière, Claire Mathon se consacre à la lumière naturelle. « J’aime son mystère, sa part d’imprévu qui tranche avec l’artifice très dirigé de nos métiers. » En 2020, son travail lui vaut le César de la meilleure photographie pour Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. « Nous voulions sublimer les actrices. Créer des images qui restent, comme des tableaux. » Parce que la représentation compte, elle cofonde, en 2019, le collectif Femmes à la caméra. Et prouve que les techniciennes ont leur place partout. La lumière pure sur le teint diaphane de Kristen Stewart dans Spencer ? C’est elle. Les images presque cliniques de Saint Omer ? Encore elle. Parmi ses projets, Saint-Ex de Pablo Agüero, consacré au célèbre auteur du Petit Prince. Nouveau défi : reconstituer en studio la lumière naturelle d’un film qui se déroule dans la pampa et dans les airs.

Pierre-Antoine Capton, Adèle Exarchopoulos et Elisha Karmitz.

Illustration Lucie Dubreuil

Audrey Diwan, réalisatrice
Qui d’autre qu’elle aurait pu s’attaquer à un film aussi mythique et sulfureux ? Audrey Diwan vient de terminer le tournage du long-métrage érotique Emmanuelle avec Noémie Merlant, deux ans et demi après le triomphe de L’Événement. Cette année, on lui doit le scénario de L’Amour et les Forêts, coécrit avec Valérie Donzelli, récompensé aux César 2024 avec le prix de la meilleure adaptation. Les remises de prix, Audrey Diwan ne les vit pas seulement du côté des nommés, mais aussi sur le banc des jurés : comme à Venise en 2022 sous la présidence de Julianne Moore. « Quelque chose se joue à cet endroit-là, à la place qu’on nous accorde en tant qu’artiste et à celle qu’on nous donne en retour pour faire entendre nos voix », affirme la réalisatrice. Elle voit son influence dans le cinéma comme « l’instrument d’un passage de relais » et se réjouit de « la possibilité d’ouvrir la porte à d’autres artistes ».

Élisabeth Tanner, fondatrice de l’agence Time Art
Elle a inspiré la pugnace Andréa Martel (Camille Cottin) dans la série Dix pour cent. Racontée par son ami Dominique Besnehard, Élisabeth Tanner apparaît comme un agent au flair assuré et au tempérament enflammé. Il faut dire que dans la vraie vie, elle règne sur les coulisses du septième art. Après des débuts comme actrice, elle s’est formée au métier dans l’agence d’Olga Horstig-Primuz, qui représentait Brigitte Bardot et Michèle Morgan et dont elle admirait « l’approche humaniste ». En 2015, elle monte sa propre agence, Time Art, pour acteurs, réalisateurs, auteurs et compositeurs, avec l’envie de « protéger ses talents ». Lou Doillon, Valérie Donzelli, Benjamin Voisin, Reda Kateb… Tous lui font confiance. Secrétaire générale des César, elle représente aussi ses pairs au sein du Syndicat des agents artistiques et littéraires, pour mener les combats « connexes à ceux qu’elle mène pour les artistes ».

Pierre-Antoine Capton, cofondateur et président du directoire de Mediawan
Soixante-dix sociétés de production dans 11 pays, 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires et près d’une vingtaine de films en salle chaque année. En 2015, Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton ont créé Mediawan. Depuis, le groupe est devenu un mastodonte de l’audiovisuel en Europe. Les Trois Mousquetaires, Je verrai toujours vos visages mais aussi Escort Boys… Le groupe propulse des succès populaires et critiques conçus comme des « contenus premium ». Il étend même son influence à Hollywood, grâce à l’acquisition de 60% de Plan B, la société fondée par Brad Pitt. Pierre-Antoine Capton ne redoute pas les grands écarts. Son premier coup d’éclat remonte à 2001, avec le lancement de Troisième Œil Productions, maison-mère de C à Vous. Depuis, les documentaires consacrés à la première campagne d’Emmanuel Macron ou au processus créatif d’Orelsan cartonnent.

Marylin Fitoussi, créatrice de costumes
Si le monde entier veut le dressing d’Emily in Paris, c’est grâce à cette digne héritière de la styliste Patricia Field, à qui on doit les silhouettes de Sex and the City. Créatrice des tenues du phénomène Netflix, dont la saison 4 est en tournage dans la capitale, Marylin Fitoussi revendique de « ne suivre aucune tendance ». Une formation de designer textile à Paris, treize années passées au Mexique. Résultat : rien ne l’angoisse tant qu’un tissu de couleur unie. Elle mélange les motifs, les textures et conçoit des looks fantaisistes. « Au début, personne ne voulait me prêter des pièces. » Aujourd’hui, Lily Collins et ses complices sont habillés par les plus grandes maisons de mode. La costumière aime mixer haute couture, mode mainstream, seconde main et pièces vintage. Surtout, ne jamais « avoir peur de détonner et faire grincer les dents », souligne-t-elle. Ses audaces lui ont valu le prix Excellence in Contemporary Television de la Costume Designers Guild, en 2022.

Dimitri Rassam, producteur
Il a gagné son pari : créer l’événement autour de l’adaptation des Trois Mousquetaires, chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas déjà transposé à de multiples reprises. Grâce à son casting de stars (Vincent Cassel, Eva Green, etc.) et la réalisation pleine de panache de Martin Bourboulon, ce diptyque cumule aujourd’hui 6 millions d’entrées. « Ce qui m’intéresse ? Réfléchir à un projet qui peut à la fois susciter l’intérêt du public et satisfaire mon goût propre. » Ce triomphe est loin d’être un coup d’essai pour Dimitri Rassam, qui a fondé sa société de production, Chapter 2, il y a près de vingt ans. Parmi les films qu’il a produits, on retrouve Le Petit Prince, Le Prénom et Le Brio, tous récompensés aux César. Plus récemment, il a offert au chorégraphe français Benjamin Millepied son premier film et accompagnera cette année la sortie de deux longs-métrages : Limonov: The Ballad of Eddie de Kirill Serebrennikov et Le Comte de Monte-Cristo avec Pierre Niney.

Gaëlle Mareschi, directrice de la production des films français de Netflix
Elle veut soutenir l’ambition de la création hexagonale. Directrice du développement et de la production des films français pour Netflix, Gaëlle Mareschi a débuté sa carrière au service du cinéma indépendant chez EuropaCorp, avant de rejoindre Kinology où elle s’occupait des acquisitions et des ventes internationales de films emblématiques de Leos Carax ou Michel Gondry. En décembre 2019, elle intègre Netflix et pilote pour la plateforme des projets originaux d'envergure, comme Voleuses de Mélanie Laurent, Athena de Romain Gavras, Loin du périph avec Omar Sy et à venir cet été, Sous la Seine de Xavier Gens. Des superproductions qu’elle accompagne dès le stade de l’écriture. L’une de ses missions ? « Découvrir les talents de demain tout en continuant à travailler avec de grands metteurs en scène. » Un combo gagnant qui n’a plus à faire ses preuves.

Tahar Rahim, acteur
Impossible de passer à côté de l’ascension fulgurante de Tahar Rahim, bien au-delà de nos frontières. L’acteur enchaîne les productions ambitieuses sur le petit comme le grand écran. Après les séries The Eddy et Le Serpent (Netflix), on l’a vu cette année donner la réplique à Joaquin Phoenix dans la superproduction Napoléon de Ridley Scott et Madame Web de S. J. Clarkson. L’acteur, césarisé en 2010 pour Un prophète, jongle avec aisance entre les projets hollywoodiens et le cinéma français. Son prochain rêve ? Travailler dans le cinéma coréen « parce qu’ils ont une mythologie qui est la leur, ou alors me retrouver dans un western », disait-il à Vogue. En attendant, on le retrouvera prochainement dans la peau de Charles Aznavour. Le film racontera l’ascension du chanteur franco-arménien vers la célébrité.

Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent
Visages stoïques et élégance à toute épreuve. En 2023, la maison de couture Saint Laurent mettait en scène quatre réalisateurs, audacieux et transgressifs, dans sa nouvelle campagne publicitaire : David Cronenberg, Jim Jarmusch, Abel Ferrara et Pedro Almodovar. Loin de se limiter aux ambassadeurs, Saint Laurent a aussi lancé une société de production en avril 2023, pilotée par Anthony Vaccarello, directeur artistique de la marque. « Je veux travailler avec tous les grands talents du cinéma qui m’ont inspiré au fil des ans et leur offrir une plateforme », expliquait-il. Premier coup médiatique ? La projection cannoise de Strange Way of Life, court-métrage avec Pedro Pascal et Ethan Hawke, dont la file d’attente s’étendait sur plusieurs centaines de mètres. D’autres projets sont en préparation avec David Cronenberg et Paolo Sorrentino.

Nathanaël et Elisha Karmitz, directeurs du groupe MK2
Ils bouillonnent d’initiatives pour transmettre leur passion du cinéma. À la tête du groupe emblématique MK2 depuis le milieu des années 2000, les frères Karmitz ont lancé le magazine Trois Couleurs, la plateforme MK2 Curiosity, les rendez-vous MK2 Institut, un concept autour de la réalité virtuel (MK2 VR) et une agence (MK2+). « On crée des idées nouvelles qui s’inventent, se diffusent, sont reprises par d’autres et c’est tant mieux. » L’imagination prolifique du duo ne cesse de croître, notamment depuis la crise sanitaire. Ils ont ainsi ouvert à Paris l’Hôtel Paradiso, le premier hôtel-cinéma d’Europe, pour proposer une expérience inédite autour du septième art. Leur stratégie de diversification fonctionne : le groupe emploie 450 salariés, enregistre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros, dispose de 11 cinémas à Paris et 12 en Espagne. Prochaine étape : une expansion encore plus grande à l’étranger et, côté productions, toujours cette même envie de soutenir le cinéma d’auteur. Bientôt sur nos écrans : les prochains films du Norvégien Joachim Trier ou du Chinois Jia Zhangke. Un éclectisme qui fait du bien.

Marylin Fitoussi, Marion Cotillard, Anthony Vaccarello et Cécile Felsenberg.

Illustration Lucie Dubreuil

Isabelle Degeorges, directrice de Gaumont Télévision France
Elle a le don pour dénicher des projets d’envergure. Isabelle Degeorges, directrice de Gaumont Télévision France depuis 2013, est l’un des artisans du succès de la série Lupin. « Omar Sy était déjà présent au casting quand le projet est arrivé chez Netflix. On a très vite voulu donner une dimension internationale à la série. On avait aussi envie de montrer un Paris comme on ne l’avait jamais vu, à la fois la beauté de la ville mais aussi la dureté des cités. » Elle est ainsi parvenue à s’imposer dans un segment très premium. Sa ligne directrice : défendre à l’écran des enjeux sociétaux. La revanche sociale dans Lupin ou le travail comme outil d’acceptation dans Kaiser Karl, prochainement sur Disney+. Vice-présidente de l’Union syndicale de la production audiovisuelle, coprésidente de L’Association de l’industrie audiovisuelle indépendante, la productrice explique que ses mandats lui permettent « de garder de la hauteur et de reprendre son souffle ». Avec un objectif : « Partager et transmettre [son] savoir afin de faire rayonner la France. »

Elsa Keslassy, rédactrice en chef internationale de Variety
Aucun scoop ne lui échappe. Les producteurs se pressent pour un article signé de sa plume, elle écume les marchés des festivals comme un poisson dans l’eau. L’année dernière, l’ex-correspondante de Variety en France a été promue rédactrice en chef internationale. Arrivée en stage en 2007 dans ce titre séculaire, aussi bien consulté par les pontes de Hollywood et les financiers de l’industrie que par les cinéphiles, Elsa Keslassy dirige désormais les correspondants du média leader sur l’entertainment. Son mantra ? Écrire des critiques en toute indépendance et couvrir le business en toute liberté. « Je jette des pavés dans la mare et je me fais des ennemis, mais je gagne, aussi, le respect des professionnels de l’industrie. » Comme cet article qui soulignait les dysfonctionnements chez Wild Bunch Company, ou plus récemment, « Anatomy of a Fail », qui examine ceux du comité des Oscars en France. Ou comment Anatomie d’une chute a été snobé par le comité qui lui a préféré La Passion de Dodin Bouffant. Mauvaise stratégie, puisque le film de Trần Anh Hùng n'a pas été retenu dans la catégorie Meilleur film étranger.

Monica Donati, attachée de presse
Sur la scène des César en 2017, Xavier Dolan lui avait rendu un bel hommage : « Merci pour ta générosité et ta passion envers les films pour lesquels tu te bats, chaque jour et chaque nuit jusqu’à très tard. » Tous les cinéastes le savent : l’attachée de presse défend férocement ses longs-métrages et vit intensément chaque instant de ces marathons promotionnels qui peuvent s’étendre parfois sur une année entière. En vingt-huit ans de carrière, elle s’est adaptée à chaque bouleversement du monde des médias : « Quand j’ai commencé, en 1996, c’était le début des téléphones portables. On avait encore des machines à écrire qui traînaient. On faisait livrer des copies. Notre métier change tous les ans, donc il faut se réinventer. » Parmi ses fidèles, on retrouve Quentin Dupieux, dont le film Yannick a été le carton surprise de 2023, ou encore Monia Chokri, dont le film Simple comme Sylvain est en lice pour le César du meilleur film étranger. La réputation de Monica Donati est telle que le réalisateur belge Lukas Dhont est lui-même venu la chercher. Au milieu des trentaines d’œuvres, des premiers films aussi, à l’instar du Ravissement de Iris Kaltenbäck. L’amour de l’art avant tout.

Elsa Huisman, avocate
Ses clients s’appellent Justine Triet (cinéaste), Claire Tabouret (peintre), Joël Dicker (écrivain). Un pied dans le barreau de New York, l’autre dans celui de Paris, cette ancienne étudiante de NYU, King’s College London et la Sorbonne est passionnée par les industries culturelles. En 2010, elle leur consacre sa propre structure, le Cabinet 111 : « Je me considère comme une partenaire de l’entertainment. » Aussi investie dans la fusion-acquisition d’un grand groupe audiovisuel que dans la représentation des intérêts des poids lourds en France, elle est adepte de la négociation à l’anglo-saxonne. Dix ans après son cabinet, elle a ouvert une autre structure entièrement dédiée aux artistes qui veulent sauter le pas de l’entrepreneuriat, Studio 112. Adaptation pour les plateformes de streaming, coproduction, financement… Elle accompagne la « business venture » des créatifs, comme un « complément d’agent ».

Nathalie Coste-Cerdan, directrice générale de la Fémis
Cette diplômée de HEC dirige la Fémis depuis 2016, après vingt ans passés chez Canal+, dont elle a piloté les contenus ciné. Le credo de l’école : un cursus ultra-professionnalisant qui forme à tous les métiers du cinéma, de réalisateur à scripte en passant par exploitant. L’ambition ? « Rivaliser avec la créativité de HBO et mettre à niveau l’écriture en France. » Mission accomplie, puisque plusieurs projets d’étudiants se transforment en séries à succès comme Ovni(s) ou L’Opéra. Parmi ses chantiers, la directrice veut accueillir des profils d’étudiants encore plus diversifiés et « ancrer la formation dans son époque ». Une fierté personnelle : « Quand je suis arrivée, le haut de la pyramide de l’école était très masculin. J’ai instauré plus de parité, telle que je voudrais en voir dans l'équipe d’un film. » Une école comme un plateau de tournage.

François Theurel, vidéaste web
Il y a une vie après Le Fossoyeur de films. François Theurel a dit au revoir il y a cinq ans au personnage qui l’a fait connaître sur YouTube en 2012. Mais depuis, ce passionné de cinéma de genre a publié deux ouvrages (T’as vu le plan ? et Camera obscura), et continue de partager, en son nom propre cette fois, des vidéos sur sa chaîne, suivie par près de 800 000 personnes. Ses concepts comme le « Cut » – remonter des films à la manière d’un autre réalisateur – séduisent toujours autant ses abonnés. François Theurel a aussi récolté plus de 100 000 euros sur la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank afin de financer ses « Virées Ciné », où il parcourt les lieux de tournage les plus mythiques du cinéma en Islande, au Maghreb ou encore en Nouvelle-Zélande. Son dernier projet largement soutenu par sa communauté ? Le premier numéro de sa revue Estrange. Un rendez-vous semestriel pour parler des mystères autour du cinéma, de la littérature et dans la vie réelle.