Enquête sous-marine : les scientifiques affirment qu’il faudrait diviser les orques en deux espèces distinctes, les raisons évoquées !

Publié le 02 Avr 2024 à 20H00 Modifié le 2 avril 2024
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On a longtemps cru que les orques présentaient des différences (nommées écotypes) selon la région où elles vivaient tout en formant une seule et même espèce. Une nouvelle donnée vient compromettre cette théorie.

Il y a deux espèces distinctes d’orques dans le Pacifique Nord. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les scientifiques. Cette révélation, basée sur une analyse approfondie des données génétiques et comportementales parue dans Royal Society Open Science, ouvre de nouvelles perspectives sur la compréhension de ces magnifiques prédateurs marins.

Les écotypes d’orques 

Les épaulards présentent aujourd’hui un tel nombre de différences qu’elles ne peuvent pas appartenir à une seule famille. Elles ont donc, jusqu’à aujourd’hui, été distinguées en types ou écotypes.

Dans le Pacifique Nord, par exemple, il existe trois écotypes connus. L’orque de Bigg, les résidentes et les orques du large. Chacune d’entre elles possède ses propres caractéristiques liées à sa répartition, à son habitat préféré et à son régime alimentaire. 

Les caractéristiques qui pourraient les séparer en différentes espèces 

Les orques de Bigg se nourrissent principalement d’autres mammifères marins, notamment de phoques et de baleines, tandis que les orques résidentes préfèrent les eaux côtières du Pacifique Est et ont tendance à manger du poisson, en particulier du saumon. En termes de technique de chasse, les orques résidentes utilisent l’écholocation, tandis que les orques de Bigg chassent en silence.

Les différences anatomiques présentent aussi un argument pour cette séparation. En effet, leurs différences concernent également  la forme du crâne et des dents. De plus, les orques résidentes se distinguent par leur nageoire dorsale arrondie. Les orques de Bigg ont de leur côté, une nageoire dorsale droite et pointue.

Enfin, les orques de Bigg se déplacent en petits groupes et présentent la particularité d’être le plus souvent observées sur le plateau continental dans les eaux tempérées à arctiques, tandis que les orques résidentes forment des groupes familiaux unis. 

Cette nouvelle étude remet en question cette classification en soutenant que les orques de Bigg et les orques résidentes ne sont pas simplement des écotypes, mais plutôt des espèces distinctes. 

Les différences entre ces épaulards vont au-delà de leur ADN. Ainsi, cette étude prend en considération l’impact de facteurs tels que la communication, le comportement et la culture dans la détermination des espèces, en complément de l’analyse génétique et physiologique traditionnelle.

Cette approche souligne l’importance de prendre en compte des facteurs tels que la culture des gousses et les pratiques alimentaires dans la définition des espèces.

Delphinus orca : une histoire controversée

Si ces animaux (Delphinus orca) ne forment qu’une seule espèce aujourd’hui, c’est grâce au travail de Carl Linnaeus réalisé en 1758. 

Dans les années 1860, un capitaine baleinier californien, Charles Melville Scammon, a rédigé un manuscrit décrivant plusieurs grands mammifères marins qu’il avait vus au cours de ses voyages. Parmi les différents animaux recensés se trouvaient les orques, que l’homme surnommait « les loups de l’océan ». Celles-ci vivaient, d’après lui, « de violence et de pillage ». 

Après avoir couché sur papier la totalité de ses observations, l’Américain les envoie pour examen à Edward Drinker Cope, le secrétaire de l’Institut Smithsonian. Après l’avoir lu, ce dernier édite puis publie le manuscrit de Scammon sans son autorisation. Il nomme alors les baleines à nageoires hautes Orca rectipinna (latin pour « aile droite ») et les baleines à nageoires courtes Orca ater (latin pour « noir »).

Il n’est pas avéré aujourd’hui que ces données soient vraies, mais le fait de s’être intéressé aux nageoires de ces animaux permet de se questionner sur leurs différences de façon plus globale (acoustiques, physiques, habitudes de vie)… 

Différenciation des espèces : des conséquences taxonomiques et de conservation

Si les propositions de noms pour les deux espèces sont acceptées, les orques de Bigg seront désignées sous le nom scientifique Orcinus rectipinnus, tandis que les orques résidentes seront appelées Orcinus ater. Cette nouvelle classification aura un impact significatif sur la façon dont nous comprenons et classifions ces majestueux prédateurs marins.

La découverte de deux espèces distinctes le long de la côte Pacifique Nord marque une avancée notable dans notre compréhension de ces prédateurs marins emblématiques. Ces recherches soulignent l’importance de l’analyse approfondie des données génétiques et comportementales pour comprendre la diversité biologique et guider les efforts de conservation.

Comprendre les différences entre les populations permettra également aux chercheurs et aux responsables de la conservation de mieux protéger ces magnifiques animaux marins et leurs habitats.

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