Le peintre et sculpteur Fernando Botero, maître colombien des volumes, est mort

Publicité

Le peintre et sculpteur Fernando Botero, maître colombien des volumes, est mort

Par
Fernando Botero à Monaco en février 2001.
Fernando Botero à Monaco en février 2001.
© Getty - Alain BENAINOUS / Gamma-Rapho

Célèbre pour ses personnages aux formes voluptueuses, le peintre et sculpteur né à Medellin, en Colombie, s'est éteint à l'âge de 91 ans. Il était considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle, exposé jusque sur les Champs-Élysées.

Fierté nationale, le jeune Luis Fernando Botero Angulo a d’abord failli devenir torero. Un univers qui inspira ses premiers traits et marque son oeuvre. Tout comme plus tard l’art précolombien, étrusque ou populaire, les muralistes mexicains, la peinture italienne de la Renaissance, Velázquez ou Picasso.

Lancé dans le dessin de presse à 16 ans, et passé par des périodes difficiles qui l’obligeront même à vendre des pneus, il verra sa carrière décoller dans les années 1970 grâce à sa rencontre avec le directeur du musée allemand de New York, Dietrich Malov.

Publicité
26 min

Sa maîtrise et sa défense des volumes et des formes voluptueuses et sa nostalgie d’une Colombie paisible et heureuse, en feront une star, une icône pop sacrée grâce à ses sculptures géantes sur les Champs-Élysées, en 1992, avant le grand canal de Venise ou les pyramides d’Égypte.

Une des 20 sculptures monumentales exposées en mai 2003 à Venise.
Une des 20 sculptures monumentales exposées en mai 2003 à Venise.
© Getty - Alain Benainous / Gamma-Rapho

Pour Fernando Botero, interrogé ici en 2015 par Euronews, "Le volume permet d'exprimer une certaine forme de sensualité, de plasticité. L'introduction du volume fut la révolution la plus importante qu'a connue l'art. À savoir cette illusion de créer sur une surface plane l'idée d'espace. Mais au-delà, c'est aussi une question de sensualité de formes qui produit une stimulation particulière quand on regarde un tableau" :

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Artiste populaire, vendu à plusieurs millions d’euros aux enchères (80e artiste le plus cher du monde en 2022), mais mineur selon certains critiques, Botero avait aussi célébré le monde du cirque, les natures mortes ou les instruments de musique. Celui qui a partagé pendant des années sa vie entre Pietrasanta, en Toscane, New York, Medellín et Monaco, où il est décédé, racontait d’ailleurs qu’une de ses peintures ratées de mandoline, en 1957, était à l’origine de son style.

Dans un tout autre genre, en 2005,  sa série de toiles, dessins, aquarelles et sanguines sur le scandale de la prison d'Abou Ghraib avait suscité de vifs débats dans le monde de l'art. "J'ai été horrifié, comme le monde entier, par ces tortures parce qu'elles venaient des États-Unis, le pays le plus riche, le plus puissant et qui se présente comme un modèle de civilisation", explique-t-il alors. Une quinzaine de toiles grand format et trente réalisations plus petites, dessins, aquarelles et sanguines transcriront sa révolte. Comme un nouvel écho à Picasso et cette fois à Guernica.

Exposition au musée national du Palais de Venise, à Rome, en 2005.
Exposition au musée national du Palais de Venise, à Rome, en 2005.
© Maxppp - Riccardo De Luca

Une face sombre et moins connue de celui qui fut aussi marqué en 1995 par la mort de 27 personnes à Medellín à cause d'une bombe placée au pied de sa sculpture L'Oiseau. Cinq ans plus tard, il fit don d'une réplique baptisée L'Oiseau de la paix. Botero endeuillé par les tourments politiques de son pays et par la mort à l’âge de 4 ans d’un de ses enfants. L’âge auquel lui-même avait perdu son père !

Très productif, avec plus de 3 000 tableaux et plus de 300 sculptures, le maestro colombien disait ne jamais savoir ce qu'il allait peindre le lendemain.

Grand mécène et grand collectionneur d’art, il laisse aussi  un musée à son nom à Bogota, qui permet, outre ses créations, d’exposer, en Amérique latine, les Chagall, Dalí, Renoir ou Bonnard qu’il avait achetés.

Avec AFP

Un homme nettoie une statue de Botero à Carthagène, en Colombie, en 2008.
Un homme nettoie une statue de Botero à Carthagène, en Colombie, en 2008.
© Getty - Alex Segre / UCG / Universal Images Group
À voix nue
23 min