Que dit le rapport du BEA Mer sur l’hypothèse d’une croche avec un sous-marin ? « Dans le cadre de l’enquête judiciaire, une expertise du train de pêche a été ordonnée. Le rapport intérimaire évoque l’hypothèse d’une force exogène qui serait susceptible d’avoir entraîné le chalutier très rapidement vers le fond. Les éléments de ce rapport ont bien évidemment été pris en compte, bien qu’il ne s’agisse pas de conclusions définitives », introduisent les auteurs du rapport.
« Le chalut ne présente qu’une petite déchirure »
« Dans le cadre de l’enquête technique, l’étude de cette hypothèse a conduit les enquêteurs à envisager plusieurs cas de figure. Une croche au niveau du chalut : celle-ci paraît impossible, car le chalut traîne sur le fond, avec quatre mètres d’ouverture verticale. À supposer qu’un sous-marin se trouve à cette hauteur du fond, le chalut aurait été gravement
endommagé. Or, ce dernier ne présente qu’une petite déchirure au niveau des ailes supérieures », analyse le BEA Mer.
« Une croche sur les deux funes : celles-ci sont écartées de 50 mètres au fond, au niveau des panneaux, pour ne plus être écartées que de 6 mètres à la surface, sur une distance de 375 mètres. Un sous-marin se trouvant à hauteur des funes crocherait vraisemblablement les deux funes, et il est probable que le chalut décollerait du fond avant que le navire ne soit lui-même affecté. Or, il est montré que l’on a trouvé les chaînes de bras inférieurs et supérieurs et les pignons ensouillés. De plus, la chaîne du bras supérieur aurait dû être visible à plusieurs mètres de hauteur, étant rappelée par les flotteurs de la ralingue de dos. Enfin, si les deux funes avaient été crochées, elles se trouveraient dans des positions similaires alors que la situation des funes montre que la fune tribord est sensiblement raidie, alors que la fune bâbord présente de larges boucles en trois endroits », argumente-t-il sans expliquer pourquoi la fune bâbord s’est trouvée rallongée de 140 m de plus que la fune tribord. Une traction « hautement probable » avec un sous-marin, expliquent les autres expertises judiciaires indépendantes.
« Les traces relevées ne sont pas suffisamment conclusives »
Mais le BEA mer n’y croit pas : « Une croche sur une seule fune : il y aurait alors soit un mouvement vers l’extérieur du train de pêche. Le panneau et l’aile de chalut du bord de la fune tirée auraient eu tendance à être écartés. Or, on a trouvé l’écartement du chalut resserré, et les panneaux distants d’environ cinq mètres, inversés, soit un mouvement vers l’intérieur, qui aboutirait bien à un croisement des panneaux, mais probablement aussi à celui des ailes du chalut, ce qui ne correspond pas aux constatations faites. Le chevauchement du bras et de la fourche bâbord reste inexpliqué dans cette hypothèse », pointe le BEA qui en conclut que « dans les deux cas, on n’aurait pas retrouvé les funes ayant des tracés presque parallèles entre les panneaux et le navire ».
« Enfin, l’analyse métallurgique des funes n’a pas révélé d’effort anormal qui aurait pu être provoqué par un sous-marin et les traces relevées ne sont pas suffisamment conclusives. Il apparaît donc, au vu des éléments disponibles à ce jour, qu’il n’y a pas suffisamment de cohérence entre l’hypothèse d’une croche du train de pêche par un sous-marin et les constatations matérielles faites sur le train de pêche », conclut ce passage du rapport officiel.