Publicité

Décès du peintre et sculpteur colombien Fernando Botero à 91 ans

Le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, célèbre pour ses personnages aux formes voluptueuses et considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle, est décédé.

Le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero en 2008.
Le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero en 2008. (Bebert Bruno / SIPA)

Par Les Echos

Publié le 15 sept. 2023 à 16:40Mis à jour le 15 sept. 2023 à 17:37

« Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, est mort », a annoncé vendredi sur le réseau X (ex-Twitter) le président colombien Gustavo Petro. « Le peintre de notre violence et de notre paix. De la colombe mille fois rejetée et mille fois placée sur son trône », a ajouté le chef d'Etat, en référence à l'un des animaux emblématiques de l'artiste.

Fernando Botero, né en 1932 à Medellin, dans le centre de la Colombie, est considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle. Amoureux de la Renaissance italienne, il se disait « défenseur du volume » en art moderne et refusait le qualificatif de gros à ses personnages. Sa sculpture, également marquée par le gigantisme, a occupé une place très importante dans sa carrière, développée essentiellement à Pietrasanta, en Italie.

Une création hors norme

Fils d'un représentant de commerce, il s'initie à l'art très tôt. A l'âge de 15 ans, il vendait déjà ses dessins de tauromachie aux portes des arènes de Bogota. « Quand j'ai débuté, c'était un métier exotique en Colombie, qui n'était pas bien vu et n'offrait aucun avenir. Lorsque j'ai dit à ma famille que je comptais me dédier à la peinture, ils m'ont répondu : 'Bon d'accord, mais nous ne pouvons pas t'aider' », racontait l'artiste colombien le plus coté au monde.

Publicité

Après une première exposition individuelle à Bogota dans les années 1950, il part pour l'Europe, séjournant en Espagne, France et Italie où il découvre l'art classique. Son oeuvre est aussi influencée par l'art précolombien et les fresques du Mexique, où il s'installera plus tard. Sa carrière décolle dans les années 1970 lorsqu'il rencontre le directeur du musée allemand de New York, Dietrich Malov, avec lequel il organisera plusieurs expositions à succès. « Totalement inconnu, sans même un contrat avec une galerie de New York, j'ai alors commencé à être contacté par les plus grands marchands d'art du monde », racontait-il.

Les dimensions hors du commun de son art, qui deviendront sa marque de fabrique, se révèlent en 1957 dans le tableau « Nature morte avec mandoline ». Il peint alors l'ouïe centrale (ouverture) de la mandoline trop petite, en comparaison avec la taille de l'instrument. Ainsi, expliquait-il, « entre le petit détail et la générosité du tracé extérieur, une nouvelle dimension apparaît, plus volumétrique, plus monumentale, plus extravagante ».

Un artiste de la paix

L'artiste, qui disait ne jamais savoir ce qu'il allait peindre le lendemain, s'est inspiré de la beauté, mais aussi des tourments de son pays, marqué par un conflit armé de plus d'un demi-siècle. En 1995, une bombe placée au pied de sa sculpture « L'Oiseau » avait tué 27 personnes à Medellin. Cinq ans plus tard, il avait fait don d'une réplique baptisée « L'Oiseau de la paix ».

Son oeuvre met en scène guérillas, séismes, maisons de passe. Il a aussi peint une série sur les prisonniers du pénitencier américain d'Abu Ghraib, en Irak. Mais en plus de s'investir artistiquement pour la paix, l'artiste a aussi été un grand mécène, avec des donations estimées à plus de 200 millions de dollars. Il a donné aux musées de Medellin et de Bogota nombre de ses oeuvres, et des dizaines de tableaux de sa collection privée, dont des Picasso, Monet, Renoir, ou encore Miro.

Ses sculptures sont aussi visibles en plein air dans de nombreuses villes du monde, l'artiste estimant que les expositions dans les espaces publics sont un « rapprochement révolutionnaire » de l'art avec le public. Une idée qu'il avait étrennée en 1992 sur les Champs-Elysées à Paris, puis près du Grand canal de Venise et face aux pyramides d'Egypte. Ses statues ont aussi voyagé jusqu'en Chine en 2015.

« Je pense souvent à la mort et cela m'attriste de quitter ce monde et de ne plus pouvoir travailler parce que je prends beaucoup de plaisir à mon travail », avait confié le « maestro » à l'AFP lors d'un entretien à l'occasion de ses 80 ans en 2012. Son oeuvre, de plus de 3.000 tableaux et 300 sculptures, démontre son insatiable appétit de créer. Elle lui survit aujourd'hui.

Source AFP

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité