Véronique Sanson : «M. Macron, vous verrez ce qu’est l’hôpital si un jour vous êtes malade»

La chanteuse, soignée pour un cancer de la gorge depuis près d’un an, nous confie aller «plutôt pas mal» aujourd’hui. Elle fait partie des 108 signataires de l’appel à Emmanuel Macron pour sauver l’hôpital public.

 Véronique Sanson a pu le constater lors de ses différentes hospitalisations, « tout le monde travaille sous pression et à flux tendu ».
Véronique Sanson a pu le constater lors de ses différentes hospitalisations, « tout le monde travaille sous pression et à flux tendu ». ABACA/Jérôme Domine

    Elle nous le confie en souriant. Alors que fin 2018, les médecins lui diagnostiquaient un cancer de la gorge, aujourd'hui, l'artiste, Véronique Sanson, 70 ans, « va plutôt pas mal ». Celle qui se décrit comme « une vraie survivante », a longuement fréquenté l'hôpital. Infarctus, opération de la carotide, maladie génétique du sang, cancer du sein… Le malaise du personnel, elle l'a vu de près.

    « Il faut les aider », clame celle qui n'a pas hésité une seconde à signer la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron pour réclamer un plan d'urgence en faveur de l'hôpital public.

    Pourquoi avez-vous accepté de signer cette lettre de soutien à l'hôpital ?

    VÉRONIQUE SANSON. Quand l'un des médecins dont je suis très proche m'a parlé de cet appel au président, il y a quelques jours, je n'ai pas réfléchi une seconde. J'ai dit oui, je signe tout de suite, je vous défends à mort. J'ai été tellement malade que je connais très bien les hôpitaux. Je sais ce qu'il s'y passe !

    Qu'avez-vous observé lors de vos séjours ?

    Je suis toujours tombée sur des professionnels gentils. Alors que je voyais le médecin tous les deux jours, les infirmières, elles, étaient là tout le temps. Extraordinairement humaines, elles m'ont beaucoup remonté le moral. J'ai vraiment une grande admiration pour leur travail. Souvent, je les voyais la nuit puis à nouveau le lendemain et je leur disais : mais comment faites-vous pour tenir? Elles me répondaient, on n'a pas le choix. Beaucoup sont au bord du burn-out. Elles donnent tout alors qu'on ne leur donne rien. Elles sont, en plus, payées des clopinettes. Je les défends de toutes mes forces. La nuit, elles me confiaient parfois leurs difficultés.

    Que vous disaient-elles ?

    Elles me parlaient de leur hiérarchie parfois maltraitante et surtout de leur fatigue. J'essayais d'être là pour elles. J'ai cette capacité à bien écouter et à bien ressentir. Les médecins, eux aussi, sont débordés. Tout le monde travaille sous pression et à flux tendu.

    A travers cette lettre, quel message voulez-vous faire passer au président ?

    Je voudrais lui dire : Monsieur Macron, si un jour, vous êtes malade, vous verrez ce que c'est qu'une infirmière de nuit, vous verrez ce que c'est que la réalité de l'hôpital public. Mais cela ne vous arrivera jamais car vous n'êtes pas un citoyen lambda. Si le budget n'augmente pas, le gouvernement n'aura rien fait pour améliorer les conditions des médecins, des infirmières alors qu'il avait le choix. On laisse les professionnels dans la galère, les gens meurent aux urgences. Il n'y a pas assez de lits, on fout les patients dehors le lendemain d'une opération parfois grave. Je suis furibarde! Tout ça pour une question de rendement. Et pourtant, il n'y a pas une seule personne qui ne se retrouvera pas un jour à l'hôpital, même les grands de ce monde.

    Paroles d'urgentistes : « Tous les jours on se fait agresser »