Les Tuniques Bleues changent de chefs

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BDLes Tuniques Bleues changent de chefs

Le nouvel album des aventures du caporal Blutch et du sergent Chesterfield n’est plus signé par Lambil et Cauvin, mais par Munuera et Beka. Une passation des pouvoirs surprise, mais qui fait du bien à la série.

Michel Pralong
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Michel Pralong

C’est un peu compliqué comme succession. Le nouvel album des «Tuniques Bleues», intitulé «L’envoyé spécial», porte le numéro 65. Or, le dernier paru, «La bataille du cratère», était le 63e. Où est le 64e? Intitulé «Où est donc Arabesque?» il est prévu pour l’année prochaine. Il sera le dernier scénarisé par Raoul Cauvin qui, à 82 ans, a décidé de passer la main. Le dessinateur Lambil a décidé en revanche de rester en selle mais, explique l’éditeur, il avait besoin de temps pour se remettre de la nouvelle, d’où cette sortie un brin tardive.

En attendant, ce 65e tome qui vient de sortir est, lui, signé par des nouveaux: Jose Luis Munuera au dessin (et scénario) et Beka au scénario. Parce que Dupuis avait déjà commencé à chercher un nouveau scénariste et le sujet a été abordé lors d’un dîner avec justement Munuera, Bertrand et Caroline (le couple qui signe Beka). Le trio, emballé, a immédiatement commencé à imaginer un scénario que Munuera s’est mis à mettre en images… pour finalement sortir cet album à eux trois.

Des personnages avec du relief

Mais que valent ces Tuniques Bleues nouvelle version? Le scénario s’inspire, comme cela a souvent été le cas dans la série, d’un fait historique. Ici, c’est un personnage, Williard Howard Russell, qui fut envoyé par le «Times» de Londres couvrir la guerre de Sécession américaine, devenant ainsi le premier correspondant de guerre de l’histoire. Chargés de le protéger, Chesterfield et Blutch, devront l’emmener sur les champs de bataille et vont notamment croiser une jeune femme qui veille sur les enfants d’un orphelinat abandonné. Une histoire bien construite, dans laquelle, enfin, apparaissent des personnages secondaires avec une certaine consistance et où les niveaux de lectures sont multiples.

Car il faut reconnaître que si, depuis 52 ans qu’existe la série, Raoul Cauvin a signé quelques chefs-d’œuvre, comme «La prison de Robertsonville» ou «Rumberley», les bonnes histoires se sont faites de plus en plus rares. Cauvin se contentait souvent d’évoquer un événement historique, d’y balancer son régiment de cavalerie et de lier le tout avec quelques gags récurrents. Le lecteur restait souvent sur sa faim. Heureusement, demeurait le dessin impeccable de Lambil. Jusqu’à au 63e tome, où des signes de fatigue ont commencé à se faire sentir, notamment au niveau du visage de ses personnages. Mais comment lui en vouloir, lui qui a fêté ses 84 ans cette année?

Un dessin qui change beaucoup

Munuera a décidé de conserver son propre graphisme, sans se fondre dans celui de Lambil, dont il n’a gardé à peu près que les chevaux (si caractéristiques du Belge). Cela fait donc un changement considérable, mais n’oublions pas que ce n’est pas le premier dans la série, puisqu’elle était dessinée au début par Salvérius, jusqu’à son décès en 1972. Alors il faudra s’y faire, mais ceux qui ont lu notamment les albums de «Spirou» que Munuera a signés (ou ses «Zorglub», ses «Merlin»…) connaissent déjà son trait rond et efficace. C’est d’ailleurs étrange, son Blutch a quelque chose de Titeuf. Quant à Beka, le couple avait déjà repris un personnage célèbre puisqu’on lui doit l’album racontant la jeunesse du comte de Champignac. À notre avis, cette équipe a les galons requis pour reprendre pleinement les Tuniques Bleues. Chargez!

«Les Tuniques Bleues: l’envoyé spécial», Tome 65, par Munuera et Beka, Éd. Dupuis, 56 pages

«Les Tuniques Bleues: l’envoyé spécial», Tome 65, par Munuera et Beka, Éd. Dupuis, 56 pages

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