Hockey féminin: comment le rêve olympique de Marie-Philip Poulin a pris forme
Le rêve olympique de Marie-Philip Poulin a commencé lorsqu’elle a vu Danièle Sauvageau mener le Canada à sa première médaille d’or en hockey féminin aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002. Aujourd’hui, les deux Québécoises sont réunies pour écrire une nouvelle page de l’histoire de leur sport.
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La petite Marie-Philip avait 11 ans quand les Caroline Ouellette, Kim St-Pierre, Hayley Wickenheiser, Jayna Hefford, Danielle Goyette et Cassie Campbell ont triomphé dans l'Utah. Elle avait été surprise de voir les filles pleurer malgré la victoire.
«Si tu savais tout le travail, la résilience et l’énergie qui [ont] été mis pour se rendre à cette médaille», lui avait dit sa mère, Danye Nadeau, qui a raconté l’anecdote en visioconférence, jeudi, lors de l’annonce des trois joueuses autonomes qui se sont entendues avec la nouvelle équipe professionnelle de Montréal, soit Poulin, Ann-Renée Desbiens et Laura Stacey.
Le soir du 21 février 2002, Marie-Philip avait posé une autre question à sa maman avant de s’endormir: «Penses-tu que je vais jouer un jour pour Équipe Canada?»
«Je lui avais répondu: “si tu travailles fort, si tu fais tout ce qu’il faut pour se rendre à ce niveau, tout est possible”», a poursuivi Mme Nadeau.
L’histoire ne s’arrête pas là. Trois mois plus tard, Marie-Philip avait rencontré Danièle Sauvageau dans un tournoi. Policière à la Gendarmerie royale du Canada à l’époque, l’entraîneuse rencontrait les jeunes afin de promouvoir un sport sans drogue.
«Marie-Philip avait rapporté un poster pour le mettre sur sa porte de chambre et continuer à rêver aux Olympiques, a enchaîné Mme Nadeau. Aujourd’hui, de voir Marie-Philip aux côtés de Mme Sauvageau, de voir ces grandes dames de hockey réunies dans une équipe professionnelle, c’est un conte de fées.»
Les reins solides
Au fil des années, Poulin et Sauvageau se sont souvent recroisées. Et cette fois, elles sont au cœur d’une des plus belles avancées du hockey féminin.
«On se faisait toujours demander ce qui passait [avec nos projets], et là, ça arrive enfin!» s’est exclamée l’auteure de 102 buts et 205 points en 175 matchs avec Équipe Canada, ce qui vaut à Poulin le cinquième rang dans l’histoire de la sélection nationale.
«Je n’ai jamais vu une ligue féminine avec autant de ressources, a pour sa part soutenu la directrice générale de la formation montréalaise. Le groupe de Mark Walter, qui est copropriétaire des Dodgers de Los Angeles, [du club de soccer anglais] de Chelsea et d’une équipe féminine de basketball, ainsi que Billie Jean King Enterprises [qui ont fondé la Ligue professionnelle de hockey féminin] connaissent bien le monde sportif. Ils ont pris le temps de négocier une entente de huit ans avec les joueuses et ils sont convaincus que ça va fonctionner.»
Un métier
À l’instar de Poulin, Stacey rêvait aussi aux JO depuis la victoire du Canada à Nagano. Elle a finalement atteint son objectif 16 ans plus tard, à Pyeongchang.
«Mais quand je regardais les Maple Leafs de Toronto jouer, je ne voyais pas d’autres jeunes comme moi, a rappelé l’Ontarienne de 29 ans. Je ne pouvais pas m’identifier aux joueurs. Maintenant, ce sera possible pour les jeunes filles de voir du hockey féminin professionnel et de croire qu’elles pourront un jour se joindre à la ligue.»
«On a grandi avec des modèles masculins, a renchéri la gardienne Desbiens. Je voulais jouer dans la LNH et dans l’équipe nationale, mais ce n’est pas tout le monde qui peut représenter le Canada. Là, des joueuses pourront gagner leur vie avec leur sport. J’ai hâte de voir des gens avec les casquettes et les chandails de nos équipes.»
Avant d’en arriver là, il y a encore beaucoup de travail à faire. Sauvageau devrait présenter son entraîneur-chef ou entraîneuse-cheffe au cours des prochains jours. Il y aura le repêchage le 18 septembre. Puis, le nom et l’aréna du club devront être annoncés avant le début de la saison, prévu en janvier.