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Une façade mythique de Montréal part en fumée

Les femmes en néon du club emblématique ne brilleront plus sur Sainte-Catherine

Super Sexe
Un incendie possiblement criminel a ravagé le bâtiment à l’abandon depuis 2016. Photo Chantal Poirier


Un des clubs de striptease les plus en vue de son époque est parti en fumée samedi à Montréal, en même temps que son emblématique enseigne et un pan de l’histoire de la rue Sainte-Catherine.

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«Ça m’a brisé le cœur, entre autres parce que le Super Sexe était l’une des dernières traces tangibles de l’existence des strip clubs sur cette rue», témoigne Alex Tigchelaar, une doctorante de l’Université Concordia qui s’intéresse à ce sujet.

Un incendie qui pourrait être d’origine criminelle a fait disparaître l’immense enseigne du club de danseuses, vestige le plus emblématique du Red Light sur Sainte-Catherine.

Super Sexe
Photo courtoisie, Gabor Szilasi, Club Supersexe et cinéma Palace, 696-698, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal,1979, tirage 2012, épreuve à la gélatine argentique, Musée des beaux-arts de Montréal, don de Gabor Szilasi

Les superhéroïnes en petite tenue entourées de néons clignotants qui ornaient la devanture de l'établissement n’ont pas survécu au brasier qui a mobilisé une centaine de pompiers tard en soirée.

Dans les dernières années, plusieurs cabarets et clubs de striptease qui ont fait la sulfureuse réputation du centre-ville montréalais ont aussi disparu, souvent sans laisser de traces.

«On oublie qu’il n’y a pas si longtemps, le plus grand attrait du centre-ville de Montréal était le vice. On était le Red Light de l’Amérique du Nord», rappelle Glenn Castenheira, directeur général de Montréal Centre-Ville.

Le Club Super Sexe, ouvert en 1978, était l’un des plus connus, entre autres pour son buffet à volonté et sa façade kitch.

Super Sexe
Photo courtoisie, Kristen Nyberg

Une occasion ratée

Mais malgré les qualités reconnues de son enseigne, la firme qui possède le bâtiment a toujours exclu de la préserver ou de la vendre.

«Souvent, quand les propriétaires savent qu’ils ont une enseigne importante, ils sont très collaboratifs et reconnaissent sa valeur. Malheureusement, ça n’a pas été le cas ici», rapporte Matt Soar, professeur associé en communication à l’Université Concordia.

Celui qui nourrit une collection grandissante d’enseignes montréalaises préservées regrette aujourd’hui de n’avoir pu sauver au moins l’une des «spectaculaires» femmes en cape, par manque de ressources.

Super Sexe
PHOTO COURTOISIE, Alex Tigchelaar

Hier, le fragment de l’une d’entre elles gisait toujours sur le sol devant le bâtiment incendié, parmi une pile de débris.

Pour Alexandra Tigchelaar, qui a brièvement travaillé au Super Sexe, l’administration municipale aurait dû intervenir bien avant pour préserver les fameux néons, qu’elle considère aussi emblématiques que ceux du Farine Five Roses.

«Montréal profite de la réputation du travail du sexe, mais ne fait rien pour préserver ses artéfacts culturels. C’est très dommage», laisse-t-elle tomber.

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Photo Chantal Poirier

L’histoire se répète

Quant à l’incendie, Glenn Castenheira se désole que «l’histoire se répète» avec un énième bâtiment patrimonial désaffecté.

«On parle d’un immeuble laissé à l’abandon [depuis 2016] sur un terrain stratégique, avec une croissance de la valeur foncière très prononcée. Disons que je n’étais malheureusement pas très surpris», soupire-t-il.

Super Sexe
Photo Chantal Poirier

La valeur de revente ou de développement de ces terrains étant infiniment supérieure à tout revenu potentiel, certains propriétaires négligent l’entretien des immeubles, fait-il remarquer.

M. Castenheira plaide depuis 2013 pour que la Ville adopte un cadre réglementaire pour pénaliser cette pratique.

«Il ne faut pas sous-estimer l’impact de la négligence. On paie tous pour, au final», dit-il, en soulignant que le quadrilatère autour de l’incendie était toujours fermé hier. 

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