Un mystère touche certaines toiles du peintre Pierre Soulages. Plusieurs de ses œuvres réalisées à Paris, entre décembre 1959 et mars 1960, redeviennent liquides. Des petites gouttes de peinture ont été repérées. Au total ce sont « quelques dizaines » d'œuvres du peintre décédé en octobre 2022 à l’âge de 102 ans, qui sont touchées, a annoncé la restauratrice spécialiste de Soulages, Pauline Hélou de la Grandière, auprès de «  France Info ». « Normalement une peinture, quand elle vieillit, se craquelle et devient de plus en plus cassante. Et là, c’est le phénomène tout à fait inverse qui s’opère, a-t-elle expliqué. Ce qui est étrange, c’est que des peintures d’autres artistes qui ont créé des œuvres à Paris, dans les mêmes périodes, sont concernées. »

Quelques dizaines d’œuvres concernées

Face à un tel mystère, la spécialiste, accompagnée de chercheurs du CNRS et de l’Institut d’optique de Saint-Etienne tentent d’expliquer ce phénomène pour pouvoir, par la suite, prévenir et empêcher que cela arrive sur d’autres toiles de l’après-guerre. Et, ils envisagent toutes les hypothèques. Selon Pauline Hélou, la peinture utilisée à cette époque, pourrait être un élément de réponse, tout comme « la forte pollution au sulfure » présente dans la capitale. Autre possibilité : la manière de stocker ces « toiles qui ont été exposées immédiatement après leur création ». Parfois exposées « très loin » de l’endroit de leur création, ces toiles « ont été stockées tout de suite dans des caisses, mises dans l’obscurité et avec des variations de climat ».

Chaque hypothèse soulevée doit ensuite être vérifiée « dans les œuvres qui ont le même problème et surtout qu’elle ne se vérifie pas dans les œuvres qui n’ont pas de problème ». Même si, pour l’heure, aucune piste ne semble être concluante, d’après Pauline Hélou, « les conditions de séchage et le fournisseur sont des hypothèses qui ont l’air de bien marcher ». « Ce n’est pas un problème qu’on retrouve chez les Américains contemporains de Soulages par exemple sauf quand ils sont venus travailler à Paris », a-t-elle précisé. Le mystère n’est donc pas encore résolu. Les scientifiques vont ensuite élargir leur étude à des œuvres des artistes français comme Henri-André Martin et Georges Mathieu.