Modigliani à Paris : bientôt une exposition inédite sur l’artiste mythique de la bohème

Modigliani à Paris : bientôt une exposition inédite sur l’artiste mythique de la bohème
Amedeo Modigliani, Elvire assise, accoudée à une table, 1919, huile sur toil, 92,7 × 60,5 cm Saint Louis (Missouri), Saint Louis Art Museum. Image Courtesy of the Saint Louis Art Museum

À la rentrée, le musée de l'Orangerie à Paris met en lumière une période particulière dans la carrière d'Amedeo Modigliani : les années où Paul Guillaume devient son marchand. L'occasion de découvrir les liens qui ont uni l'artiste et son mécène.

Un an après la grande exposition qui s’est déroulée à la Barnes Foundation (Philadelphie, États-Unis), le musée de l’Orangerie (Paris, Ier arrondissement) rend à son tour hommage à Amedeo Modigliani (1884-1920). Du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024, l’institution présentera « Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand », un événement inédit qui se concentre sur un moment précis de la carrière du peintre et sculpteur : les années où Paul Guillaume (1891-1934) est devenu son marchand. Un siècle après leur rencontre, cette exposition explorera les liens qui unissent l’artiste et son mécène : du soutien du collectionneur à la spécificité des œuvres produites pendant cette période, en passant par leurs passions communes.

Une rencontre qui lance Modigliani sur la scène artistique parisienne

Modigliani arrive à Paris en 1906. Trois ans plus tard, il rencontre Constantin Brancusi (1876-1957) qui l’initie à la sculpture. Jusqu’en 1914, Modigliani s’y consacre presque exclusivement. De 1914 jusqu’à sa mort en 1920, l’artiste renoue avec la peinture et réalise principalement des portraits. En 1914, Paul Guillaume démarre son activité de marchand et découvre l’artiste juif d’origine italienne par l’intermédiaire du poète Max Jacob (1876-1944). Pour l’encourager et le soutenir, le jeune galeriste français lui loue un atelier à Montmartre, achète, vend et collectionne ses œuvres, ce qui fait peu à peu connaître Modigliani dans les cercles artistiques et littéraires de Paris.

Amedeo Modigliani, La chevelure noire, dit aussi Jeune fille brune assise, 1918, huile sur toile  92 x 60 cm, Paris, musée national Picasso - Paris, Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean

Amedeo Modigliani, La chevelure noire, dit aussi Jeune fille brune assise, 1918, huile sur toile
92 x 60 cm, Paris, musée national Picasso – Paris, Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean

En 1915 et 1916, l’artiste réalise plusieurs portraits peints et dessinés de son mécène. Le musée de l’Orangerie, qui conserve aujourd’hui la collection Paul Guillaume qui comprend cinq toiles de Modigliani, détient le premier tableau de cette série de portraits. Intitulée Paul Guillaume, Novo Pilota (1915), l’œuvre montre le jeune marchand de 23 ans en costume, élégant et sûr de lui.

Amedeo Modigliani, Paul Guillaume, Novo Pilota, 1915, huile sur carton collé sur contre-plaqué parqueté, 105 x 75 cm, Paris, musée de l'Orangerie © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski

Amedeo Modigliani, Paul Guillaume, Novo Pilota, 1915, huile sur carton collé sur contre-plaqué parqueté, 105 x 75 cm, Paris, musée de l’Orangerie © RMN-Grand Palais (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

Des portraits de Cocteau, Moïse Kisling, Béatrice Hastings et Jeanne Hébuterne

En tout, plus d’une centaine de toiles, une cinquantaine de dessins et une dizaine de sculptures de Modigliani sont passées entre les mains de Paul Guillaume. « Ce nombre dénote à la fois l’implication du galeriste dans la promotion de l’artiste mais aussi son goût personnel pour ses œuvres, largement présentes sur les murs de ses différents appartements », décrit le musée de l’Orangerie dans un communiqué. Parmi celles-ci, Modigliani a brossé les portraits des figures majeures du Paris de l’époque, telles que Max Jacob, André Rouveyre, Jean Cocteau ou encore Moïse Kisling, mais aussi des modèles inconnus, et d’exceptionnels ensembles de portraits des femmes qui ont partagé la vie de l’artiste, comme l’écrivaine Béatrice Hastings puis la jeune peintre Jeanne Hébuterne, sa dernière compagne et la mère de son enfant.

Amedeo Modigliani, Tête de femme, 1911-1913, sculpture en calcaire, 47 x 27 x 31 cm, Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle, Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jacqueline Hyde

Amedeo Modigliani, Tête de femme, 1911-1913, sculpture en calcaire, 47 x 27 x 31 cm, Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jacqueline Hyde

Avec une sélection d’œuvres emblématiques, les commissaires de l’exposition Cécile Girardeau, conservatrice au musée de l’Orangerie, et Simonetta Fraquelli, historienne de l’art et commissaire de « Modigliani Up Close » à la Fondation Barnes, évoqueront les différentes caractéristiques de ce corpus. À l’aide des écrits de Paul Guillaume, elles exploreront également les liens intimes entre le peintre et son marchand, et notamment leur intérêt commun pour l’art africain, la littérature et la poésie. Enfin, elles mettront en lumière le rôle essentiel du galeriste dans la diffusion de l’œuvre de Modigliani sur le marché de l’art en France et aux États-Unis dans les années 1920, où Paul Guillaume conseille et vend au Dr. Albert C. Barnes, médecin et riche collectionneur, plusieurs œuvres de l’artiste.

Amedeo Modigliani, Femme au ruban de velours, vers 1915, huile sur papier collé sur carton, 54 x 45,5 cm, Paris, musée de l'Orangerie © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / DR

Amedeo Modigliani, Femme au ruban de velours, vers 1915, huile sur papier collé sur carton, 54 x 45,5 cm, Paris, musée de l’Orangerie © RMN-Grand Palais (Musée de l’Orangerie) / DR

Pour compléter l’exposition inédite, le 1er décembre prochain, une journée d’étude sera organisée dans l’auditorium du musée d’Orsay. Thierry Dufrêne, professeur à l’université de Nanterre, Cécilie Champy-Vinas, directrice du musée Zadkine, et Cécile Girardeau échangeront ainsi sur la place de Modigliani dans le marché de l’art parisien, entre 1900 et 1939.


« Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand »
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries, Paris 75001
du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024
@ newsletters

La sélection expo
Chaque semaine découvrez nos expositions coup de cœur, nos décryptages exclusifs et toutes les infos pratiques.

S'inscrire à la newsletter
newsletters

Retrouvez toute la Connaissance des arts dans vos mails

Découvrir nos newsletters