Un article écrit par Radio-Canada

René Derouin, artiste du Nord au Sud

Arts > Arts visuels

En 2017, l'artiste René Derouin présente l'exposition «Rapaces» à Val David, dans les Laurentides. Le téléjournal, 1er août 2017. Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
En 2017, l'artiste René Derouin présente l'exposition «Rapaces» à Val David, dans les Laurentides. Le téléjournal, 1er août 2017.

L’artiste multidisciplinaire René Derouin pratique la peinture, la sculpture, le dessin, la gravure et les installations depuis plus de 60 ans. De renommée internationale et récipiendaire de nombreux honneurs, il explique les thèmes qui habitent ses œuvres avec une touchante simplicité, comme en témoignent ses entrevues tirées de nos archives.

Né à Montréal en 1936, René Derouin fait ses débuts dans le monde des arts visuels au cours des années cinquante.

En 1955, alors que les artistes québécois de la Révolution tranquille s’exilent pour la plupart en Europe afin d'apprendre les beaux-arts, René Derouin choisit de quitter le pays à destination du Mexique.

Le Mexique m’intéressait énormément du point de vue de l'expression, du point de vue de la vitalité, ce que je ne trouvais pas ici. Il y avait une joie de vivre au Mexique qui était extraordinaire.

René Derouin

Il étudie trois ans les beaux-arts à l'Escuela de Pintura y Escultura Esmeralda de Mexico. Si les voyages forment la jeunesse, cet exil au Mexique de René Derouin définira l’âme de son œuvre.

C’est aussi durant cette période qu’il prend conscience de son identité nordique. La nordicité imprégnera aussi ses projets artistiques.

Le 2 juillet 1963, René Derouin participe à l’émission Aujourd’hui. Une équipe de tournage se rend à son atelier de l’anse Vaudreuil, situé dans une grange.

Parmi les enseignements reçus au Mexique, René Derouin retiendra du muralisme mexicain que l’œuvre doit toucher le public.

C’est pour cette raison qu’il préfère les œuvres publiques aux expositions en galerie où les tableaux ne sont vus que par un public restreint.

En 1968, l’artiste quitte à nouveau le pays, cette fois pour le Japon. Il pratique la gravure aux côtés d’un grand maître japonais.

À l’émission En toute liberté diffusée le 5 février 1997, Isabelle Albert s’entretient avec René Derouin.

Durant les années 1970, Derouin survole la baie James et la baie d’Hudson en hélicoptère. Il est fasciné par la structure du territoire et par le paysage constitué de tourbières nordiques.

De ce voyage naît Suite nordique (1,2,3,4,5,6) en 1979, une série de gravures.

Avec ce projet, René Derouin innove en créant des formats de gravure de huit pieds sur huit pieds. Il place l'image imprimée au mur et la plaque ayant servi à la gravure au sol.

De cette façon, le public est à même de regarder le paysage nordique comme s’il le survolait.

Regarder le réel du pays qu’on habite pour s’y représenter est une autre leçon apprise des artistes mexicains.

En 1978, Derouin expose pour la première fois au musée d’art moderne de San Francisco.

L’exil, le passage, la migration, l’identité et la mémoire seront les thèmes récurrents de ses productions.

Je n’ai jamais été aussi québécois que perdu dans la foule à Mexico. J’ai compris que l’immigrant porte sa mémoire d’un territoire à l’autre.

René Derouin

Entre 1989 et 1991, René Derouin crée une œuvre monumentale sur le thème des exils d’individus, de groupes, de familles.

L’œuvre Migrations est composée de 20 000 figurines uniques qui marchent sur un territoire. Chacune des statuettes est créée en argile à la main durant trois ans.

En 1992, l’exposition Migrations est présentée au Museo de Arte Contemporáneo Internacional Rufino Tamayo, à Mexico, puis au Musée national des beaux-arts du Québec.

En 1994, René Derouin décide de larguer ses figurines dans le fleuve Saint-Laurent.

Largage, c’est la mise à l’eau de 19 000 figurines ayant servi à bâtir l’œuvre Migrations.

J’ai l’impression d’avoir créé une œuvre d’art publique dans le fond du Saint-Laurent. […] Une œuvre collective à la mémoire de la migration de tous, puisque nous sommes tous arrivés par le fleuve.

René Derouin

Il explique également son rapport au fleuve, qui lui a enlevé son frère en plein hiver alors qu’il n’avait que 16 ans et son père trois ans plus tard.

En 1999, René Derouin se voit remettre le prix Paul-Émile-Borduas, et une rétrospective de ses œuvres est présentée au Musée des beaux-arts de Montréal.

La journaliste Marie-Michèle Cron rencontre René Derouin à l’occasion de cette exposition rétrospective intitulée Frontières | Frontiers | Fronteras, qui souligne les 40 ans de carrière de l’artiste.

En 1995, René Derouin, alors résident de Val-David, crée les Jardins précambriens. La Fondation Derouin y organise des symposiums internationaux d'art-nature.

Le 13 août 2002, la journaliste Lise Villeneuve nous amène au 6e Symposium international de la Fondation Derouin à Val-David, dans les Laurentides. Curieux et amateurs d'art sont invités à découvrir le travail d'artistes de différents horizons.

Toute sa carrière, René Derouin a creusé l’idée de l’américanité.

Les thèmes qui animent l’œuvre de cet artiste résonnent plus que jamais aujourd’hui.