Disparition de Pierre Soulages

26 octobre 2022
C’est avec beaucoup de tristesse que le musée du Louvre a appris le décès de Pierre Soulages, « peintre du noir et de la lumière », père de « l’outrenoir », figure majeure de la peinture non figurative depuis plus de soixante-quinze ans, et compagnon du route du musée. 

Pierre Soulages est, depuis juin 1969, présent au musée du Louvre par la couleur des salles de peintures françaises du XIXe siècle, un rouge profond choisi en dialogue avec Michel Laclotte, alors directeur du département des peintures et futur premier président-directeur du musée du Louvre.  
En 1990, il avait participé à l’exposition Polyptyques. Le tableau multiple du Moyen-Age au XXe siècle (hall Napoléon), où Michel Laclotte établissait une lignée de créations depuis les œuvres médiévales jusqu’à Bacon. Il y présentait deux peintures dos à dos. 
En 2009 Peinture, 300X236 cm, 9 juillet 2000 est présentée dans le Salon Carré du Louvre, en lien avec la monographie du Centre Pompidou (du 14 octobre 2009 au 8 mars 2010).

Pour les cent ans de Pierre Soulages, en 2019, le musée du Louvre lui avait consacré une exposition exceptionnelle dans le Salon Carré, situé entre la galerie d’Apollon et la Grande Galerie, qui abritait jadis le Salon des Académies, haut lieu de la création contemporaine au XIXe siècle (11 décembre 2019-9 mars 2020).
Cette exposition-hommage prenait le parti de rendre compte du parcours chronologique de son œuvre de 1946 à aujourd’hui, en représentant par un choix resserré, les huit décennies pendant lesquelles Soulages a développé ses recherches. La rare longévité de la carrière de l’artiste était ainsi illustrée par un choix d’œuvres majeures provenant principalement des plus grands musées français et étrangers. Ne négligeant aucune période et mettant l’accent sur les polyptyques outrenoir, l’exposition permettait également de découvrir de très grandes peintures réalisées dans les mois précédant la présentation au Louvre, signe de la vitalité remarquable d’un peintre qui a poursuivi ses recherches sans discontinuer.

Dès ses débuts, Pierre Soulages a opté pour une abstraction totale, mettant en question les données traditionnelles de la peinture. Par les matériaux qu’il emploie (brou de noix, goudron…), par ses outils qui renvoient plutôt à ceux des peintres en bâtiment, par son choix d’identifier ses toiles par la technique, les dimensions et la date de réalisation, plutôt que d’orienter la vision par un titre, il adopte une position singulière. Il écrit dès 1948 : « Une peinture est un tout organisé, un ensemble de formes (lignes, surfaces colorées…) sur lequel viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête ».

L’exposition témoigne de la continuité de l’œuvre, mais aussi de ses différents moments liés par la volonté de faire surgir la lumière par contraste entre la couleur noire et les parties claires, par superposition et raclage, ou encore par le mode d’application d’un pigment unique. 
C’est en 1979 que Soulages, peintre depuis plus de trente ans, aborde une nouvelle phase de son travail, une peinture autre pour laquelle il propose le néologisme d’outrenoir. L’aventure picturale de Soulages expérimente constamment le rapport entre le noir et la lumière, mais avec l’outrenoir qui instrumentalise le reflet, l’espace et le temps de la peinture sont radicalement transformés, la dotant d’une multiplicité lumineuse totalement inédite. Au contraire d’une œuvre monochrome, « ce sont des différences de textures, lisses, fibreuses, calmes, tendues ou agitées qui, captant ou refusant la lumière, font naître les noirs gris ou les noirs profonds ».


Crédit photo : Pierre Soulages. Portrait de l’artiste, 2 octobre 2017 © Collection Raphaël Gaillarde, dist. RMN-Grand Palais / Raphaël Gaillarde © Adagp, Paris, 2022 pour Pierre Soulages © RMN-Grand Palais - Gestion droit d'auteur pour Raphaël Gaillarde

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