Carte postale des Jardins de Métis

Me croirez-vous si je vous dis que j’ai trouvé aux Jardins de Métis des mots et des livres?

En pénétrant dans le petit atelier du jardinier, de vieux outils du siècle dernier. Mon regard se pose sur une drôle de cruche, appelée gargouillette. L’eau qu’elle contient demeure fraîche grâce au phénomène d’évaporation qui s’y produit. Le jardinier pourra ainsi se désaltérer quand il sera aux champs. Les espagnols appelaient cette cruche un botijo.
Dans une boîte en bois suspendue à son cou, le jardinier déposait un mélange de pois et d’avoine : il semait la gaudriole. A la fin de l’été, il la récoltera pour nourrir ses cochons.

Un peu plus loin, des livres sont enfermés dans un gabion entouré d’arbres. On dirait qu’ils sont enfermés dans une cage, une façon de censurer les mots et les pensées couchés sur les feuilles de papier. L’architecte paysagiste a intitulé cette scène : Jardin de la Connaissance. Avec le temps, le papier s’humidifie et s’imbibe de la poussière transportée par le vent. Le compostage s’opère et l’humus apparaît : des graines se déposeront et les premières plantes apparaîtront, coiffant de jade le gabion. La cage se transforme peu à peu en un joli écrin de mousses et de fougères. Au gré du vent, cette éclosion verte se balance et dans un joli bruissement, on entend la parole émerger des livres qui étaient emprisonnés. Après bien des saisons, de petits arbres surgiront et prendront racine. Ils poseront fièrement, défiant les intempéries jusqu’à ce qu’un jour, ils tombent sous les coups de haches. L’homme les pétrira en pâte, elle sera pressée. Sur les feuilles des mots seront déposés et la connaissance se diffusera.

Monique Bourbeau

 

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