•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Il y a 35 ans, la déferlante Mitsou et son premier album, El Mundo

Une femme tient un cornet avec un petit globe terrestre comme boule de crème glacée, sur la pochette de l'album «El Mundo».

La pochette de l'album «El Mundo», paru en 1988

Photo : Discogs/Unidisc Music/Isba

En 1988, une jeune chanteuse de 17 ans arrivait en trombe sur la scène musicale québécoise avec une allure à tout casser et un premier simple déjanté, Bye bye mon cowboy. À l’occasion du 35e anniversaire de son premier album, El Mundo, Mitsou revient avec le journaliste Stéphane Leclair sur son ascension fulgurante et nous parle de sa riche carrière après la musique.

Née le 1er septembre 1970 à Loretteville, Mitsou Gélinas, petite-fille de feu l’acteur et dramaturge Gratien Gélinas, a d’abord joué à la télé, dans la série Terre humaine. Elle savait toutefois que son cœur penchait plutôt du côté de la musique, elle qui, à 14 ans, formait déjà le groupe Dance Lab avec E.P. Bergen, qui a cofondé plus tard Bran Van 3000 avec James Di Salvio.

C’est au bar Le Belmont, situé sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal, qu’elle a fait une rencontre déterminante en la personne de Jean-Pierre Isaac, auteur-compositeur, parolier, réalisateur et producteur. 

Un homme prend la pose les bras croisés sur fond noir.

L'auteur-compositeur, réalisateur et producteur Jean-Pierre Isaac, bras droit de Mitsou à ses débuts

Photo : Site de Jean-Pierre Isaac

Le Belmont était un endroit où beaucoup de musiciens se rendaient pour jaser, pour partager plein de choses. Les BB étaient toujours là, tout comme Luc Plamondon, Marie Carmen, Marie Denise Pelletier… C’était toujours la fête, se rappelle-t-elle. 

Jean-Pierre Isaac était DJ à l’époque : jeans serrés, taille haute, avec une petite camisole blanche, les cheveux très longs, teints roux-auburn. Un beau look, mais surtout une tête extraordinaire.

Une citation de Mitsou

L’artiste d’origine belge, arrivé au Québec à l’âge de 5 ans, écrivait déjà beaucoup pour d’autres artistes, notamment pour Les BB, qui étaient encore connus sous le nom des Beaux Blonds. 

Sex-symbol à 17 ans

À l’époque de ses soirées au Belmont, Mitsou aimait se déhancher au son de Marcia Baila, énorme succès des Rita Mitsouko. 

À un moment donné, j’ai demandé à Jean-Pierre : "Ça ne te tenterait pas de m’écrire quelque chose dans le genre?" Et il m’est arrivé un jour avec Bye bye mon cowboy. La rencontre avec Jean-Pierre Isaac sera le début non seulement d’une histoire d’amour, mais aussi d’une fructueuse collaboration sur le plan musical.

Très vite après la sortie de son premier album, Mitsou a été décrite dans les médias comme le nouveau sex-symbol du Québec, un statut qu’elle a abordé avec un peu de naïveté, du haut de ses 17 ans. Plutôt désinhibée et décomplexée – fruit de son éducation familiale –, l'artiste avoue, 35 ans plus tard, qu’elle a peut-être mal calculé les effets de son allure à ses débuts. 

Je suis issue d’une famille de hippies, explique-t-elle. Ma mère était de la première cohorte des sexologues du Québec, et ils avaient étudié à l’université le livre Libres enfants de Summerhill (1960), [d’Alexander Sutherland Neill], l’instigateur des écoles alternatives.

Cette philosophie de l’éducation fortement basée sur l’autorégulation des adultes en devenir laissait libre cours aux enfants pour explorer ce dont ils et elles avaient envie. 

On ne niait pas la curiosité de l’enfant qui veut apprendre naturellement. Il n’y avait pas de honte, pas de limite à ce que je pouvais faire et apprendre, se rappelle Mitsou.

J’ai été très surprise en sortant mon disque; j’ai compris que je ne faisais pas partie de la masse.

Une citation de Mitsou

Le féminisme se conjugue au pluriel, selon Mitsou 

À travers toute l’adulation dont Mitsou a fait l'objet après la sortie d’El Mundo, les critiques se sont mises à filtrer, que ce soit sur le talent musical de l'artiste ou sur son image provocatrice. La chanteuse ne cache pas que certaines d’entre elles ont été difficiles à encaisser, par exemple lorsqu’un journaliste de La Presse l'a traitée de nymphette

Si c’est écrit, c’est que c’est vrai… C’est ce qu’on s’imagine. Et si c'est écrit sur soi, c’est encore plus sensible. Des pétards mouillés après une première au Saint-Denis, tu n’as pas idée à quel point ça peut détruire une jeune chanteuse de 18 ans qui a vraiment fait de son mieux pour en offrir plein les yeux à son public, explique-t-elle.

Peu importe ce qu’en diront ses détracteurs et ses détractrices, Mitsou croit qu’elle a peut-être incarné une nouvelle forme de féminisme, basé sur l’indépendance et la liberté totale de son corps. J'avais des références comme Brigitte Bardot, Marilyn Monroe, Jeanne Moreau, parce qu’il y a quelque chose de beau, de si féminin chez ces femmes-là. Ce sont des espèces de superhéroïnes, affirme-t-elle.

Je crois que le féminisme se conjugue au pluriel. C’est l'une des versions du féminisme, et il faut respecter toutes les autres aussi. Mais le mien était de ce type-là. 

Un album avorté aux États-Unis 

Avant de se réorienter vers l’animation et les affaires au milieu des années 1990, Mitsou a connu une longue séquence au sommet des palmarès, avec des succès comme Bye bye mon cowboy, La corrida et Les Chinois.

Le succès de son premier opus, El Mundo – qui lui a valu les Félix de la découverte de l’année et du meilleur premier disque de l’année – a été suivi par celui de Terre des hommes, propulsé par la chanson Dis-moi, dis-moi et son vidéoclip sulfureux. Puis les choses se sont compliquées pour Mitsou alors qu’elle était fin prête pour sa grande aventure américaine avec son troisième album, entièrement en anglais, Tempted

La chanteuse avait même déménagé à Los Angeles avec son producteur et gérant Pierre Gendron et sa conjointe, forte d’une avance d’un demi-million de dollars de la part de Hollywood Records pour son album à venir. Malheureusement, l’étiquette a fini par abandonner le projet et l’album n'est jamais sorti aux États-Unis; une décision dont les raisons précises échappent encore à Mitsou. 

Ce que je peux te dire, c’est qu’on a essayé par tous les moyens possibles et inimaginables de racheter les droits de cet album-là, mais que c’était interdit, qu’on ne pouvait pas le sortir, résume-t-elle. 

De la musique aux affaires 

Mitsou a lancé quelques autres albums par la suite, mais aucun n’a rencontré le succès populaire de ses deux premières offrandes. En 1994, elle a fait ses débuts comme animatrice et chroniqueuse à TVA, puis à TQS, avant de se lancer en affaires en 1997 avec la création de la boîte de production Dazmo Musique, qui a été suivie par celle de Grandé Studios et de Mitsou Magazine. Elle a aussi longtemps été animatrice à la radio.

Mitsou est assise dans un fauteuil et elle sourit.

Mitsou sur le plateau de «On va se le dire» en 2022

Photo : pamplemousse

Si la chanson demeure son amour de jeunesse, Mitsou n’a jamais vraiment pensé faire un retour en musique. 

J’ai été très chanceuse en amour, mais mes plus grandes peines d’amour ont été musicales. [Retourner sur scène], pour moi, ce serait comme prendre la décision de me remarier, tout en sachant que 50 % des mariages finissent avec un divorce, illustre-t-elle. 

Je ne sais pas si j’aurais les nerfs pour me faire dire non à la chose que j’aime le plus au monde.

Ce texte a été écrit à partir d'une entrevue réalisée par Stéphane Leclair pour l'émission Les grands entretiens. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Radio-Canada et moi

Une infolettre qui vous ressemble, remplie de découvertes et de sujets choisis selon vos champs d’intérêt.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Radio-Canada et moi.