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Les fumeurs québécois ciblés par une nouvelle campagne-choc

Un homme qui fume une cigarette

La cigarette est encore autorisée en Alberta dans certains lieux de travail comme les chambres d'hôtel.

Photo : Getty Images / Yasser Al-Zayyat

Radio-Canada

Le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) estime que le 1,3 million de fumeurs de la province est à risque de stigmates physiques et psychologiques. L'organisme a lancé, dimanche, la Semaine pour un Québec sans tabac 2018, assortie d'une campagne publicitaire évocatrice.

« Les fumeurs sont jusqu'à 10 fois plus à risque de souffrir d'un cancer de la bouche et quatre fois plus à risque d'avoir une maladie du cœur que les non-fumeurs, alors que 85 % des cancers du poumon et 60 % des décès liés au cancer de la gorge sont dus au tabagisme », a souligné le CQTS dans un communiqué.

Avec le slogan « Le tabac laisse des traces », le Conseil a lancé sa semaine par une série de publicités-chocs présentant des hommes et des femmes qui ont eu une ou des opérations liées au tabagisme, notamment l’excision d’une tumeur en raison d’un cancer de la bouche ou une laryngectomie totale pour les personnes atteintes d’un cancer du larynx.

« Ils se sont rendu compte que de juste parler des côtés positifs d’arrêter de fumer, ce n’est pas assez. Parfois, ça prend des images fortes comme ça qui nous disent [que] c’est ça la réalité », a expliqué en entrevue à RDI matin week-end la porte-parole de la Semaine pour un Québec sans tabac et comédienne Geneviève Brouillette.

C’est d’ailleurs le souvenir d’un proche atteint d’une tumeur à la gorge, et qui allait subir une intervention chirurgicale, qui a poussé la comédienne à arrêter de fumer en 2001. « À la veille de son opération, elle [son ex-belle-mère] pleurait et me disait : j’aurais pu m’éviter ça! », se souvient-elle.

Dans la vie, la santé, on n’a pas le contrôle là-dessus. Mais il y a une chose, une seule, qui est vraiment prouvée scientifiquement, et qui est répétée, c’est que si on ne fume pas ou si on cesse de fumer, on met les chances de notre côté.

Une citation de Geneviève Brouillette, porte-parole de la Semaine pour un Québec sans tabac

Puis, la perte de quatre ami(e)s au cours des 10 dernières années a sonné le glas du tabac pour Mme Brouillette.

Geneviève Brouillette sur le plateau de RDI

La porte-parole de la Semaine pour un Québec sans tabac et comédienne, Geneviève Brouillette

Photo : Radio-Canada

Le cancer du poumon reste le cancer le plus mortel au Québec, puisque 83 % des personnes atteintes en mourront dans les cinq ans.

« La campagne de cette année braque les projecteurs sur les mutilants problèmes de santé auxquels s'exposent les fumeurs. Quand on achète des produits du tabac, on choisit notre marque. Mais on ne choisit pas la marque causée par une maladie due au tabagisme. Celui-ci mine la santé physique, détériore considérablement la qualité de vie et diminue l'espérance de vie de 10 ans. On doit agir pour limiter les dégâts de ce grave problème de santé publique! », affirme Marc Drolet, directeur général du CQTS.

Le tabac laisserait également des marques psychologiques, selon le Conseil. En plus de la dépendance et du défi d’arrêter de fumer, les personnes atteintes de maladies liées au tabac se retrouvent parfois en situation où elles se savent malades, mais croient qu’il est trop tard pour arrêter de fumer. De cette façon, une forme d’anxiété se développe et c’est parfois la cigarette qui devient leur échappatoire.

Les défis de la légalisation du cannabis

La légalisation prochaine de la marijuana au pays suscite également des craintes pour ceux qui luttent contre le tabagisme.

« Pour l’instant, personne ne sait comment ils vont gérer ça. Mais c’est sûr que les chercheurs sont très inquiets, parce que beaucoup de gens qui consomment de la marijuana la consomment avec la cigarette, a signalé Geneviève Brouillette. Les jeunes qui commencent à fumer de la marijuana vont souvent la mélanger avec du tabac et ça va les amener vers le tabagisme. »

Signe que cette situation préoccupe bel et bien les chercheurs, des dizaines d’experts étaient réunis à Ottawa samedi pour parler de stratégies pour réduire la dépendance. Ils croient aussi que la légalisation de la marijuana sera un défi supplémentaire dans la lutte contre le tabagisme.

Une pancarte d'interdiction de fumer est affichée dans un établissement.

Le cancer du poumon est le cancer le plus mortel au Québec : 83 % des personnes atteintes en mourront dans les cinq ans.

Photo : Radio-Canada

Faire appliquer les règles, tout simplement

Mais au-delà des nouveaux défis, l’application même des règles déjà en vigueur est parfois compliquée.

C’est notamment le cas des zones où il est interdit de fumer à proximité des entrées d’immeubles publics, une réglementation en vigueur depuis le 26 novembre 2016. Dans les faits, l'interdiction s'étend sur un rayon de neuf mètres à partir de toute porte ou fenêtre qui s'ouvre, ou de prises d'air communiquant avec un lieu fermé.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux compte sur 35 inspecteurs pour faire respecter cette loi sur l'ensemble du territoire québécois. Depuis son entrée en vigueur, près de 900 constats ont été émis contre des fumeurs et plus de 250 contre des établissements qui les ont tolérés.

« Ça fonctionne surtout par plaintes, explique Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Comme lorsque des citoyens ou des gestionnaires d'immeubles appellent le ministère de la Santé, puis disent constater une problématique. »

Des fumeurs estiment cependant qu'il est parfois difficile de savoir s’ils ont le droit ou non de fumer, comme lorsque les neuf mètres les amènent au milieu de la rue.

Un autre enjeu consiste également à réglementer les immeubles de compétence fédérale, qui ne sont pas assujettis à la loi québécoise.

Avec des informations de Julie Émond

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