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14 janvier 2023 6 14 /01 /janvier /2023 09:00

Derniers jours d'une exposition au musée de l'Orangerie, qui nous a fait découvrir un peintre dont nous n'avions jamais entendu parler, bien qu'il ait eu son dernier atelier à deux pas de notre ancien bureau, à Malakoff.

La trajectoire de Sam Szafran (1934-2019) n’est comparable à aucune autre. Enfant d’une famille juive polonaise, il connait pendant la Seconde Guerre mondiale l’ébranlement de son univers. La pratique du dessin et de la peinture lui offrent l’ancrage dans le réel qu’une vie menacée par les dangers de l’Histoire lui avait refusé. Dans le secret de l’atelier, en autodidacte et avide de savoir, Szafran a poursuivi les obsessions dont son œuvre est empli sans détourner le regard. Laissant de côté les débats de son temps, il a choisi la figuration dans une période qui y avait renoncé ou qui l’entraînait dans d’autres directions. Contemporain des dernières avant-gardes, le peintre s’en est tenu à l’écart tout en les observant avec attention, cultivant un goût pour les techniques passées de mode, comme le pastel et l’aquarelle. Szafran a élaboré un vocabulaire fidèle au regard qu’il portait sur le monde qui l’entourait : ateliers reflétant ses états psychiques, escaliers en colimaçon devenus labyrinthes, espaces envahis par la végétation, boîtes de pastels métamorphosées par un jeu de perspective…
Trois ans après sa disparition, cette exposition pose un premier regard sur l’œuvre désormais achevé.

Dans la première salle, plusieurs vues de son atelier de la rue du Champ-de-Mars 
- Homme allongé, 1970, fusain sur papier
- Second orage, 1969-1970, fusain sur papier
- "Il neige dans ma chambre", 1970, fusain sur papier
- une autre vue de l'atelier, sans autre mention, 1970, fusain sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

L’atelier de la rue de Crussol
Les ateliers que Sam Szafran occupe à Paris et celui qu’il achète rue Vincent-Moris à Malakoff forment plus qu’une série ou un sujet. Il s’agit d’un thème qui traverse l’œuvre de l’artiste, au cœur de sa vie quotidienne, jusqu’à devenir un exercice d’introspection. Regardés, scrutés, analysés, ces lieux fournissent les multiples facettes d’une observation qui prend sur le papier et sous le bâtonnet de pastel la forme d’une figuration constamment renouvelée.
L’atelier de la rue de Crussol (Paris), petit espace prêté par le peintre américain Irving Petlin, se métamorphose en scène de ses créations. Il le décrit avec précision : « On y trouve les motifs qui deviendront récurrents selon les séries : les châssis retournés le long des murs (ici ceux de Petlin), le tub suspendu en hommage à Degas (La Bassine), le poêle à charbon, élément central de ce décor surréaliste, les boîtes de bâtonnets de pastel et les livres d’échantillons À la Gerbe qui se reflètent inversés, dans la verrière zénithale mal colmatée, la chaise longue capitonnée trouvée chez Madeleine Castaing où repose une figure amie… »

L'Atelier de la rue de Crussol, 1969, fusain sur papier
L'Atelier de la rue de Crussol, janvier 1971, pastel sur calque contrecollé sur carton
L'Atelier de la rue de Crussol, septembre 1969, fusain sur papier
L'Atelier de la rue de Crussol, février-mars 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
L'Atelier de la rue de Crussol, avril 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Interior II (L'Atelier de la rue de Crussol), mai 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton

«Les différents états d'ordre et de désordre de cet atelier à travers les onze variations qu'il m'a inspirées - ton général, lumière du jour, lueur de nuit, compositions ordonnées ou déchiquetées - expriment la palette d'émotions vives qui étaient miennes en ce moment, allant de la stabilité relative, sinon de la sérénité, à la colère et au drame passionnel le plus aigu» (Sam Szafran, 2000).

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Deux fusains sur papier de 1969 intitulés Funambule (Philippe Petit) et Funambule (portrait de Philippe Petit)

En 1971, le funambule Philippe Petit parcourt sur un fil la distance entre les deux tours de la cathédrale de Notre-Dame à Paris. Il est ami avec Szafran qui le prend comme sujet et que l'on retrouve dans certains pastels de la série de l'atelier de la rue de Crussol. Hantant ses œuvres, l'image de l'équilibriste s'exerçant dans l'atelier fait figure de métaphore de la difficulté du juste équilibre dans son art.

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

et encore : 

L'Atelier de la rue de Crussol, février 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton

Les recherches du peintre et pastelliste Edgar Degas constituent pour Szafran une source d'inspiration durable. La lecture de Degas à la recherche de sa technique, publié en 1945 par Denis Rouart, est un jalon de son évolution artistique. C'est ainsi qu'il découvre par exemple l'usage du papier calque. Le tub souvent représenté par Degas apparaît dans certaines de ses compositions, allusion explicite au virtuose du XIXe siècle.

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

L’imprimerie Bellini
En 1970, Sam Szafran reprend avec des associés une ancienne fabrique de lithographies située rue du Faubourg-Saint-Denis (Paris). Ce lieu lui inspire une série de vues d’atelier, qu’il nomme Imprimerie Bellini, en hommage au peintre vénitien de la Renaissance Giovanni Bellini.
Contrairement aux ateliers de la rue de Crussol, qui représentent des variations à partir d’un même point de vue, cette série invite le spectateur à arpenter l’espace : du rez-de-chaussée au sous-sol. Avec précision, Szafran dépeint les verrières, les presses d’imprimerie, les outils, les bassins, les pierres lithographiques, ses amis et les ouvriers qui accomplissent leur travail.
La série des Imprimeries Bellini présente une particularité dans l’œuvre de l’artiste : elle est plus narrative qu’à son habitude. L’influence du cinéma est perceptible, l’artiste s’appropriant les lieux en fixant comme en travelling différentes perspectives. « Mon premier contact avec l’art a été le cinéma » confie l’artiste, qui cite parmi ses maîtres à penser les cinéastes Sergueï Eisenstein, Orson Welles ou Alfred Hitchcock.

L'Imprimerie Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur papier
L'Imprimerie Bellini, 1972, pastel sur papier
L'Escalier Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur papier
Imprimerie Bellini, 1972, pastel sur papier
L'Escalier Bellini, 1974, pastel sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Les œuvres de la série des Imprimeries Bellini décrivent le travail dans un atelier d'estampes sous différents aspects. Certains pastels montrent les machines et les hommes au travail tandis que plusieurs autres mettent au cœur de la composition les boîtes de pastels, technique que Sam Szafran a choisie à contre-courant de son époque. Placées au bas de l'escalier dans la lumière, elles resplendissent comme un trésor.

Imprimerie Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
Imprimerie Bellini, juillet 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
L'Imprimerie Bellini avec le peintre Olivier O. Olivier, 1974, pastel sur calque contrecollé sur carton
Imprimerie Bellini, juillet-septembre 1972, pastel sur calque contrecollé sur carton
Imprimerie Bellini, 1972-1974, pastel sur calque contrecollé sur carton

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

La Délirante
De 1967 à 1983, Szafran participe très régulièrement à La Délirante, revue de poésie et maison d’édition dirigée par le poète Fouad El-Etr. Les univers spirituels et intellectuels des deux hommes se rejoignent autour de leur intérêt pour le romantisme anglais et allemand ou la poésie japonaise. De nombreux amis de Szafran, peintres, sculpteurs, poètes ou funambules ont contribué à cette publication. 

Le poète (La Délirante), 1967, fusain sur papier
Ce fusain au sujet énigmatique montre un homme qui marche à grands pas poursuivant sa propre parole. Il est reproduit sur la couverture du premier numéro de la revue de poésie La Délirante (1967-2000), à laquelle Szafran a contribué jusqu'en 1983. Ce dessin est devenu l'emblème de La Délirante.
 

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Escalier de La Délirante, 1972, fusain sur papier
En 1972, Szafran exécute le dessin d'un escalier situé au 54 rue de Seine. C'est là qu'habite le poète Fouad El-Etr, éditeur de la revue de poésie La Délirante. Pour en illustrer un numéro, il a proposé à l'artiste de représenter le palier devant son appartement. Dessiné ici au plus près du motif, le thème de l'escalier est devenu celui d'une des plus grandes séries de Szafran.

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Escalier, 54 rue de Seine, 1974, fusain sur papier
Escalier de la rue de Seine, 1975, fusain sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Escaliers – Déformations de la vision
Le motif de l’escalier est au cœur de l’œuvre de Szafran, à la croisée de ses préoccupations formelles, et ancré dans son histoire personnelle. L’artiste se souvient avoir été suspendu, alors qu’il était enfant, dans le vide de la cage d’escalier par son oncle qui le menaçait de le lâcher. Il souligne d’autre part : « Personne avant moi n’avait fait des escaliers, et moi j’ai toujours vécu dans les escaliers. C’est le côté territorial, physique, la survie, les petites bandes de mômes qui tiennent un territoire.»
Pour rendre les déformations de la vision, Sam Szafran rompt avec la tradition du dessin perspectif, en distordant l’espace. Il transcrit les sensations du vertige et de la chute : l’escalier devient parfois non plus un objet du quotidien mais un objet de contemplation quasi abstrait. Grâce à une technique virtuose, d’abord au pastel puis à l’aquarelle, il cherche toujours à affiner la précision des images formées par son regard.

Escalier, 1974, pastel sur papier
Escalier, 1981-1982, pastel sur papier
Escalier, 1981, pastel sur papier
Sans titre (Escalier), 1981, pastel sur papier
Sans titre (Escalier rue de Seine), 1981, pastel sur papier
Escalier, 1980, pastel sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Escalier, 54 rue de Seine, 1990, aquarelle sur soie
Escalier avec Jacques Kerchache, François Barbâtre et l'artiste, 1993, aquarelle sur soie
Sans titre (Escalier), 1993, aquarelle sur soie

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Escalier avec rampe et fenêtre, 1990-1992, aquarelle sur soie
Dans l'œuvre de Szafran, l'escalier devient parfois non plus un objet du quotidien mais un objet de contemplation quasi abstrait. L'espace est ici recomposé suivant la rampe qui, détachée de la structure architecturale, prend son indépendance et s'élève en volute dans les airs. Il devient impossible de déterminer le point où se tiendrait le spectateur. Celui-ci se transforme en œil flottant librement dans l'espace.

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Paysages urbains
« Et puis il y a la rue. De plus en plus, le paysage urbain m’intéresse. Je remarque d’ailleurs qu’en peinture il y a beaucoup de choses à faire, qui n’ont pas encore été faites.» À partir du début des années 1990, l’artiste mène de nouvelles expériences autour de vues d’extérieurs, progressivement apparues par les fenêtres des escaliers qu’il a représentés. Désormais, Szafran utilise presque exclusivement l’aquarelle sur un support de soie, que lui fait découvrir le peintre chinois Lap Sze To. Cette technique autorise des compositions de plus en plus grandes où il tente de conjuguer simultanément l’espace, le temps et le mouvement. Comme un tourbillon d’images, les divers fragments du tableau deviennent partie intégrante d’un grand tout en mouvement. Anciens lieux familiers, souvenirs, choses réelles et irréelles, détails anecdotiques ou concrets sont des éléments qui viennent composer l’œuvre peint.

Escalier-Ville, 2012-2015, aquarelle et pastel sur soie
Les motifs étudiés sans relâche par l'artiste se fragmentent et se démultiplient. Ils se confrontent et se conjuguent dans une recherche qui tente de représenter simultanément le temps et l'espace. Szafran intègre pleinement dans son art les principes de la vision cinématographique, usant des effets de plongée et contre-plongée, zoom, gros plans, travellings et panoramiques.

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Sans titre (Rue de Seine), 1997-1998, aquarelle sur soie

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Sans titre, 2012, aquarelle et pastel sur soie

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Sans titre (Malakoff), 2013, aquarelle sur soie
Szafran, grand admirateur de l'écrivain Georges Perec (1936-1982), travaille dans ses paysages urbains des questions comparables à celles qu'énonce l'écrivain : « L'espace de notre vie n'est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ?» (Espèces d'espaces, 1974).

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Feuillages
Au printemps 1966, l’artiste Zao Wou-Ki prête son atelier parisien à Sam Szafran. Une découverte décisive s’y produit : «J’ai été absolument incapable d’y travailler: j’étais fasciné par un magnifique philodendron […] qui resplendissait sous la verrière, et qu’il m’était impossible de dessiner. Cette impuissance était devenue une obsession.» Pendant un demi-siècle, la représentation de ces feuillages, principalement des philodendrons Monstera et des aralias, est prétexte à des images foisonnantes. Toutefois, Szafran s’oblige à décrire chaque «individu » précisément. La prolifération des végétaux sur le papier donne lieu à plusieurs ensembles. Le premier associe pastel et fusain dans un jeu sur le contraste du noir et du bleu. Puis vient la série des feuillages bleus, peu abondante. La feuille elle-même est l’objet de compositions fondées sur la répétition et la multiplication. Seule une présence humaine offre une respiration – surtout celle de Lilette, son épouse, dans son manteau japonais.

Végétation à la Besnardière, 1968-1969, pastel et fusain sur papier 
Claude Bernard, le marchand de Szafran depuis 1965, l'invite régulièrement à travailler en Touraine dans sa maison de campagne, La Besnardière. Dans le jardin d'hiver les premières compositions au fusain et au pastel comprenant philodendrons et aralias voient le jour, laissant apercevoir l'architecture des serres et occasionnellement le portrait de l'hôte des lieux, ou du poète Jean Paget.
 

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Personnage dans la végétation, octobre 1971, pastel et fusain sur papier
L'Atelier du graveur, 1967, pastel et fusain sur papier
En 1966, le collectionneur et marchand d'art Jacques Kerchache met à la disposition de Szafran un hangar où son jeune cousin Serge Kantorowicz vient poser. Le jeune homme, qui vient d'être embauché à l'imprimerie de la galerie Maeght, endosse pour Szafran le rôle du graveur, que ce dernier traduit en conjuguant le fusain et le pastel, annonçant les premiers feuillages bleus.
 

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

La Serre, 1969, pastel et fusain sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Lilette dans les feuillages, 1974, pastel sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Feuillages avec escalier et boîtes de pastel (Plantes, philodendron, escalier), 1978, pastel et fusain sur papier
Feuillages avec personnage, 1984, pastel sur carton
Sans titre (Jean Paget dans les feuillages), juillet 1971, pastel sur calque contrecollé sur carton

La série des pastels bleus de Szafran constitue un ensemble énigmatique et restreint, d'une grande sophistication
technique. L'artiste recouvre d'abord une feuille de pastel (n°7261 Roche) broyé puis travaille en transférant la couleur sur le support de la composition. En répétant cette opération, il crée une forêt de feuilles entrelacées : une jungle dense, impénétrable, à l'effet onirique.

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Feuillages à l’aquarelle
« Puis il y a un saut dans l’univers du végétal, observe l’écrivain américain James Lord. Des plantes ! Des juxtapositions à l’infini de feuilles avec leur palpitation, leur perfection et profusion à la limite du perceptible, chaque feuille enluminée dans l’air vibrant, avec une précision jardinière.» Pour que ses compositions deviennent encore plus foisonnantes, Szafran envisage des formats de plus en plus importants, qu’il est impossible d’exécuter au pastel. Il se tourne alors vers l’aquarelle, qui lui offre une nouvelle voie d’expérimentation technique.
Il n’abandonne pourtant pas le pastel et se lance le défi d’associer les deux au sein de certaines œuvres, jonglant entre le sec et le mouillé. Szafran peint les plantes de son propre atelier, qui deviennent monumentales dans la réalité et sur le papier. Il ne cesse jusqu’à la fin de sa vie de revenir aux motifs végétaux dans un permanent « clin d’œil à Matisse », qui l’avait précédé dans le goût pour les grandes plantes ornementales dans l’atelier.

Végétation dans l'atelier, 1980, aquarelle et pastel sur papier
 

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Lilette dans les plantes, 1987, fusain, aquarelle et crayon sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Lilette dans l'atelier, 1997-1998, aquarelle sur papier
Sans titre, 1989, aquarelle sur papier

et détails de Lilette dans l'atelier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Lilette dans les feuillages (Hommage à Georges Perec)? février-août 2003, aquarelle sur papier
Szafran a souligné l'importance de la poésie et de la littérature pour son travail. Lorsqu'il se trouve dans une impasse, c'est vers les écrivains qu'il se tourne pour trouver une solution plastique. Ainsi, il reprend le credo de Georges Perec : « Il faut regarder le monde en biais, c'est alors qu'il apparaît en grand relief ». Il rend ici hommage à l'auteur d'Espèces d'espaces (1974) - titre qu'il aurait pu faire sien.
 

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Sans titre (Lilette dans l'atelier de Malakoff), 1998, aquarelle et crayon sur papier
Sans titre (L'atelier à Malakoff), 1999, aquarelle et crayon sur papier
Feuillages, 1986-1989, aquarelle sur papier

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre

Terminons sur un des derniers grands tableaux de Szafran, qui clôt magistralement l'exposition : 

Hommage à Jean Clair pour son exposition « Cosmos », 2012, aquarelle et pastel sur soie

Szafran décrit son hommage à son ami Jean Clair, membre de l'Académie Française, comme « une expérience métaphorique liée à l'exposition que Jean Clair a organisée sur l'idée du ciel, du cosmos, l'idée de l'espace, de la lumière, idée qu'on retrouve dans la peinture au cours des siècles. (...) On retrouve dans ce projet ce que j'aime, à savoir le mélange entre les disciplines, entre les scientifiques et les artistes.»

Sam Szafran (1934-2019) Obsessions d'un peintre
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commentaires

G
Je me suis régalé !
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